vendredi 14 septembre 2007

Yasmina Reza : "L'aube le soir ou la nuit"

Faut-il lire « L’aube le soir ou la nuit » de Yasmina Reza (Flammarion) ? Je crains que l’exercice ne soit guère une source de satisfaction pour ceux qui sacrifieront, comme je l’ai fait, au phénomène de mode de la rentrée littéraire. D’autant que ce dernier mot, littéraire, me paraît superflu tant j’estime ce livre mal écrit.

Que voulez-vous ! Je suis né après Mai 68 mais je suis tout de même de la vieille école. Chez les sœurs de Saint-Joseph, j’ai appris à distinguer la langue parlée de la langue écrite et la fréquentation des grands auteurs, auxquels je ne me mesure qu’avec l’exacte conscience de la misère de ma pratique, m’a suffisamment instruit sur l’intérêt de la construction grammaticale et de la ponctuation pour que je trouve indigeste ce brouet-là.



Pour le reste, le livre de Madame Reza est, à tort, présenté comme un ouvrage consacré à Nicolas Sarkozy. C’est toute l’astuce de l’auteur de l’avoir fait croire, en particulier à l’intéressé lui-même. L’extrait retenu comme texte du prière d’insérer figurant en quatrième de couverture, la troisième personne du pluriel qui y est employé, apportent un cinglant démenti : « Ils jouent gros. C’est ce qui me touche. Ils jouent gros. Ils sont à la fois le joueur et la mise. Ils ont mis eux-même sur le tapis. Ils ne jouent pas leur existence mais, plus grave, l’idée qu’ils s’en sont faite. » Qui sont-ils ? Nicolas Sarkozy et G. Qui est G. ? Celui à qui est dédié « L’aube le soir ou la nuit », qui nous est présenté comme ayant tout aussi bien pu être l’adversaire du candidat élu et avec lequel, semble-t-il, Yasmina Reza a, ou a eu, une histoire. Il se dit que G. est DSK. Voire. Il se comprend aisément que Yasmina écrit sur Nicolas pour comprendre ce qui motive G. Il ne faut jamais confondre le sujet d’un livre avec son personnage. « Les hommes dont je parle vivent dans un monde où les mots ont le poids de l’hélium. A peine lâchés, ils s’envolent et disparaissent de l’avenir. »


(source AFP)

Au fil des pages, émaillées d’évocations de G., Yasmina Reza trousse le portrait, à grands coups de pattes griffues, d’un Sarkozy égocentrique, frivole (Rolex et Prada) et assez inculte (admirateur de Chimène Badi et de Dick Rivers). Elle éclaire son personnage d’une lumière cruelle et satirique où brillent quelques verbatims croquignolets qui font sourire.

Le président de la République est-il vraiment tel qu’elle nous le décrit ? Une campagne électorale est-elle le moment le plus approprié pour percer les ressorts et les mystères d’une personnalité ? Ou, tout simplement, Y. éreinte-elle parfois N. pour régler ses comptes avec G. ? Qu’importe !

Le sujet et les personnages eussent mérité plus d’inspiration chez un tel auteur. A la lire, on se prête à la soupçonner d’avoir un peu bâclé son ouvrage en retranscrivant à la va-vite le contenu de ses carnets pour être au rendez-vous de la rentrée.

Avec « L’aube le soir ou la nuit », on est quand même plus près du Canard Enchaîné que des Mémoires de Saint-Simon.

1 commentaire:

Lyvie a dit…

je n'ai pas lu ce livre et ne le lirai pas! d'autres titres de la rentrée littéraire me tentent plus, comme le dernier philippe claudel par exemple.
Tapage, médiatisation à outrance, pour, je l'avais subodoré,un texte qui n'en vaut pas la peine.
ah! ces femmes fascinées par le pouvoir à travers leurs relations amoureuses... qu'est ce qu'on parle d'elles! les médias les aime... Cecilia, rachida, yasmina...
moi, je préfère celle qui s'y est coltinée ! ségolène! Mais semble-t-il, on l'a beaucoup moins portée haut dans les coeurs.