jeudi 26 juin 2008

François-Xavier Brunet : "Un songe d'or et de fumée"

Un homme fuit sa vie pour mieux renaître à une autre. Etienne Santini en fait peu à peu sa devise, lui qui devient François Meursault au fil des pages, criminel traqué malgré lui puis écrivain... malgré lui. Ce récit commence comme un polar ancré dans le sud-ouest, mêlant souvenirs érotiques et intrigue complexe. Mais il se transforme peu à peu en réflexion sur la littérature et l’inspiration, le livre devient « le parcours d’un possédé » qui finit par se rendre à la raison. Au creux des pages, des figures et des courbes de femmes apparaissent, en rêve ou en réalité. Et Nuria, la femme au double visage, mystérieuse et dominatrice, revêt son habit de muse moderne, libre et exigeante. Laissez-vous porter par le parfum d’aventure et de plaisir, une aventure de la chair et des mots.



Le point de vue de l'éditeur :Auteur à suivre. D'une écriture précise et fluide, élégante sans être savante, l'auteur entraîne le lecteur dans les méandres d'une intrigue complexe où la haute finance croise les arcanes du pouvoir. Le héros narrateur, un universitaire toulousain auteur de polars érotiques à ses heures, se retrouve ainsi comme en prise directe avec ces univers qu'il a déclinés au long de ses romans...

Pour commander ce livre : cliquez ici.

lundi 23 juin 2008

Dr No vs. Europe

C’est un étrange « Dr No » qui s’acharne sur l’Europe. Après les Pays-Bas et la France en 2005, voici l’Irlande, pourtant fille choyée de l’Union, qui repousse d’un méprisant revers de main le traité de Lisbonne soumis à sa ratification par voie référendaire. C’est en vérité un étrange mal que celui qui s’abat sur une Union dont les peuples, à chaque fois qu’ils sont directement consultés, manifestent leur colère et leur désapprobation.

Ce « Dr No » n’agit pas à la légère. C’est comme si un charme s’était rompu entre l’utopie communautaire et les habitants, insulaires ou continentaux. Pourtant, depuis son lancement au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’Europe a connu la plus longue période de paix et de prospérité de son histoire. Jamais nos nations n’avaient entretenu entre elles d’aussi bonnes relations, jamais nos peuples n’avaient été à ce point à l’abri des risques de guerre, jamais nos économies n’avaient connu une telle croissance, jamais nos niveaux de vie n’avaient à ce point augmenté.

Mais nous n’en avons jamais assez. Pendant un presque demi-siècle, l’Europe fut partagée en deux parties. L’une, libre et heureuse, sous le parapluie américain. L’autre, asservie et étouffée sous le joug soviétique. Alors, c’était il y a vingt ans (une éternité), notre modèle politique et économique l’a emporté. L’URSS s’est effondrée, le mur de Berlin a été renversé et l’Europe unifiée. Et c’est un peu comme si le malade s’apprêtait à mourir guéri.

Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Certes, le modèle technocratique et lointain de la Communauté Economique Européenne, puis de l’Union européenne, n’a rien fait pour rapprocher cette ambitieuse construction des peuples qui la composaient. Pis encore, les gouvernements des Etats membres, quelle que soit leur couleur politique, ont toujours eu le réflexe veule d’agonir Bruxelles quand ça n’allait pas et de se tenir cois pour s’attribuer des mérites qui n’étaient pas parfois les leurs quand ça allait mieux. Résultat ? A force de faire de l’Europe un bouc émissaire commode, les électeurs prennent leurs élites à leur propre piège. Ajoutons à cela que les multiples élargissements, généralement menés au grand dam des opinions publiques, ont amené l’UE à être maintenant composée de 27 Etats dont plus personne ne connaît la liste par cœur, dont l’obésité la pousse à l’infirmité. Bref, l’Union européenne est en train de mourir d’apoplexie.

Que faut-il faire ? Le traité de Lisbonne est-il mort du refus irlandais ? La présidence française de l’Union qui débute le 1er juillet a-t-elle encore un sens ? Les Irlandais peuvent-ils décemment être rappelés aux urnes ? Faut-il faire de l’Union européenne une sorte d’ONU régionale quitte à recréer un noyau composé de nations volontaires pour reconstruire une communauté soutenue par les peuples qui la composent ? Autant d’incertitudes dont nous nous serions bien passés au cœur d’une crise financière mondiale doublée d’un choc pétrolier en face desquels l’euro reste, qu’on le veuille ou pas, une protection dont l’efficacité pourrait être mise à mal par la perte de l’espoir de voir un jour la monnaie européenne enfin adossée à un véritable pouvoir politique.

samedi 14 juin 2008

Le droit de grève n'est pas le droit de blocage

Le ministre de l'Education Nationale, Xavier Darcos, a présenté en Conseil des Ministres, cette semaine, le projet de loi instituant un service minimum d'accueil dans les écoles maternelles ou élémentaires en cas de grève, système controversé à la charge des communes mais financé par l'Etat.



Nicolas Sarkozy avait annoncé le 15 mai, journée de mobilisation dans l'Education nationale contre la suppression de 11.200 postes à la rentrée prochaine, le dépôt cet été au Parlement d'un texte sur le service minimum. Aux termes de ce projet de loi, les enseignants grévistes seront tenus de se déclarer au plus tard 48 heures avant l'arrêt de travail. Le texte prévoit également une procédure de prévention des conflits pour permettre d'éviter le recours à la grève par une négociation entre les différentes parties.

Le service minimum assumé par les communes contribue incontestablement à apporter une réponse satisfaisante aux familles qui se trouvent confrontées à des difficultés majeures lorsque leurs enfants ne peuvent être accueillis à l’école. Sauf à considérer qu’il participe de la justice sociale que des parents défalquent de leurs congés payés les jours de grève des enseignants de leurs enfants, ce dispositif répond à une attente. En revanche, les collectivités territoriales sont fondées à se poser des questions. En effet, le système de financement par l’Etat est partiel et ne couvre pas complètement les frais engagés pour assurer la permanence de l’accueil des élèves. En outre, il se pose un problème de responsabilité à départager entre l’Etat et les communes. Pendant les heures de classe, les enfants sont sous la responsabilité de l’Education Nationale. Que se passe-t-il un jour de grève quand, à l’heure normale des cours, un élève est placé sous la surveillance d’un agent municipal ? Jusqu’à quelle mesure la commune doit-elle se substituer à l’Etat défaillant ?



Pour finir, l’argument opposé par les syndicats, et selon lequel ce dispositif est une entrave au droit de grève, n’est pas recevable. En effet, si le droit de grève doit être respecté en tant que tel, c’est à dire en tant que droit pour une personne employée de cesser le travail pour manifester un désaccord, il ne saurait être étendu à la notion de blocage de services publics ou d’institution. Il n’existe pas de droit de blocage contre lequel rien ne puisse être entrepris. Celui-ci constitue une extension, pour ne pas dire une dérive, du droit de grève dont la légitimité ne saurait être remise en cause.

vendredi 13 juin 2008

Obama vs. Mc Cain : vers une nouvelle ère pour l'Amérique

Tous les quatre ans, j’avoue suivre avec une passion à chaque fois renouvelée la campagne électorale en vue de l’élection du président des Etats-Unis. Pour tout un tas de raisons au premier rang desquelles figure naturellement la place éminente qu’occupe ce pays complexe et séduisant dans le concert des nations. Peut-être aussi à cause de ce mode de scrutin indirect qui voit s’enchaîner caucus et primaires dans tous les Etats, avant que les conventions des deux grands partis, républicain et démocrate, aient officiellement désigné leur champion. Puis, le premier mardi de novembre sont élus dans chaque Etat les « Grands Electeurs » qui se réunissent à la fin du mois de janvier suivant pour élire le Président et son Vice-Président, selon un rituel complexe hérité de la fondation des Etats-Unis. Pourtant, la désuétude apparente de ce système politique recèle une authentique modernité et ce sont souvent les innovations qui posent problème. Souvenons-nous à cet égard l’interminable vérification des votes électroniques en Floride lors de la première élection de George W. Bush, en 2000.

Cette année, les Etats-Unis d’Amérique pourraient entrer dans une nouvelle ère. Quarante ans après le meurtre de Martin L. King, les électeurs américains pourraient fort bien désigner comme nouveau « commander in chief » un Noir, issu de l’immigration à la deuxième génération. Sénateur de l’Illinois, Barack H. Obama a finalement obtenu le plus grand nombre de délégués à la convention du Parti Démocrate et devrait donc, de ce fait, être le candidat officiel de cette formation lors de l’élection de novembre. Il a largement terrassé Hillary R. Clinton au terme d’une campagne féroce au début de laquelle l’ancienne First Lady paraissait disposer de bien plus d’atouts. Mais ceux-ci se sont finalement retournés contre elle. Son expérience du pouvoir est apparue comme une tentative de restauration de la présidence de son mari qui fut président de 1992 à 2000, c’est à dire au temps jadis, celui d’avant le 11-Septembre, la guerre d’Irak et les subprimes. De plus, l’avantage financier de la sénatrice de New-York n’était fondé que sur les dons et les contributions de supporters très aisés ou de firmes habituées au lobbying. De son côté, Obama a su mobiliser d’innombrables soutiens de centaines de milliers de petites gens qui lui ont versé de modestes oboles mais dont le total a constitué un océan qui a submergé celle qui n’apparaissait plus que comme la candidate de l’ « establishment » de Washington.



En novembre, Barack Obama sera confronté au sénateur républicain de l’Arizona, John Mac Cain. Celui-ci s’est rapidement imposé lors des primaires organisées au sein de son parti. Authentique héros de la guerre du Vietnam, parlementaire chevronné et unanimement respecté, il part pourtant dans cette élection avec deux handicaps majeurs. D’une part, son âge. Septuagénaire, Mac Cain ne peut incarner autre chose qu’une présidence de transition. D’autre part, son étiquette politique. Républicain, il se présente au terme de huit années de mandat de George W. Bush dont il n’est rien de dire qu’elles ne laisseront à personne un grand souvenir. De son côté, Obama, quadragénaire charismatique et brillant, se voit souvent reprocher son inexpérience du pouvoir et des affaires internationales sans compter ses origines dont nul ne sait dans quel sens elles pencheront dans l’isoloir.

Le choix de l’Amérique conditionne le cours des choses : avec Obama, c’est la rupture et l’ouverture ; avec Mac Cain, c’est une forme de continuité débarrassée de l’opprobre qui pèse sur l’actuel président comme un insupportable fardeau. Comment et avec qui l’Amérique se tirera-t-elle du bourbier irakien dont elle paye avec le sang de ses « boys » l’insondable folie et dont le Moyen-Orient et l’ensemble du monde assument une part directe ou indirecte des conséquences ? Passionnant, vous dis-je.

jeudi 29 mai 2008

Delanoë libéral ?

« La gauche doit se réapproprier avec fierté le mot et la chose. » C’est Bertrand Delanoë, le maire de Paris, qui est l’auteur de ces mots, publiés dans le livre d’entretiens qu’il a donnés à Laurent Joffrin, le directeur de Libération (« De l’audace », Robert Laffont). De quoi parle-t-il au juste ? Du libéralisme.




Et le candidat supposé au premier secrétariat du Parti socialiste de persister dans son propos : « Je suis libéral. (…) Le libéralisme, c'est la tolérance devant les démarches individuelles. (…) La gauche doit adopter une doctrine de la liberté et de la justice dans une société imparfaite et non une doctrine de la lutte des classes qui nous promet une société égalitaire et parfaite. (…)Si les socialistes du XXIème siècle acceptent enfin pleinement le libéralisme, s'ils ne tiennent plus les termes de “concurrence” ou de “compétition” pour des gros mots, c'est tout l'humanisme libéral qui entrera de plein droit dans leur corpus idéologique. Il faut choisir : la synthèse est morte. Voici venu le temps des différences assumées. » Le choc est rude dans un pays où cette pensée politique est généralement vouée aux gémonies.

Comment doit-on interpréter cela ? Il y a quelque chose de cocasse dans cette nouvelle surenchère préparatoire au prochain congrès socialiste et dont on voit bien qu’il aura à trancher entre les candidatures de Ségolène Royal et de Bertrand Delanoë. Néanmoins, il faut probablement y voir moins une posture qu’un véritable mouvement de fond assez bienvenu dans un pays, le nôtre, qui s’est longtemps désolé d’avoir à la fois la droite la plus bête du monde et la gauche la plus ringarde.
Bad Godesberg est une ancienne commune allemande et depuis 1969 un district de la commune de Bonn en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Elle est surtout connue pour avoir accueilli en 1959 le congrès du Parti Social-démocrate allemand qui a approuvé l'abandon du marxisme et l'acceptation de l'économie de marché. Un demi-siècle plus tard, le Congrès du Parti Socialiste français va-t-il enfin opérer sa mue et servir une gauche s’alignant sur le pragmatisme des Blair, Prodi et autres Zapatero ? Il en serait temps. Acceptons-en l’augure.

La droite française, pour mener à bien sa politique de réformes, a besoin d’avoir des interlocuteurs de qualité : des syndicats puissants et représentatifs des salariés, une opposition sociale-démocrate responsable capable un jour d’assumer une alternance sans retour brutal de balancier.

Si les syndicats et le PS renoncent au marxisme, à l’illusion révolutionnaire et coupent le cordon ombilical et le remords quasi-freudien qui les lient au presque feu Parti communiste français, nous avons peut-être là les ferments d’une autre forme de rupture, qui n’est pas inintéressante et loin s’en faut.

mercredi 14 mai 2008

Vlaminck : un instinct fauve

Depuis le 20 février et jusqu'au 20 juillet, le Musée du Luxembourg à Paris propose une exposition consacrée au peintre Vlaminck.



"Sur les cimaises du musée du Luxembourg, la déflagration Vlaminck est intense, mais brève. Champs orange, bords de Seine violets, cieux chauffés à vif, la première moitié de l'exposition est une formidable plongée en apnée dans une peinture de plein air pratiquée à l'instinct, entre culte voué à Van Gogh et ivresse de la liberté. Mais au tournant d'une salle - nous sommes à peine en 1907 -, tout s'écroule. Les natures mortes empruntent à Cézanne, les paysages anguleux aux expressionnistes allemands, les quelques portraits à Van Dongen. Tout manque d'âme, d'émotion, de spontanéité. Comme si Vlaminck, en voulant s'affranchir du fauvisme qui risquait de tourner au procédé, s'était condamné à tourner en rond. Cruauté du don qui s'échappe quand il s'agit de le dompter."
Sophie Cachon

Telerama n° 3035 - 15 mars 2008

C'est en effet, la période fauve de l'oeuvre de Vlaminck, avec cet éclatement de couleurs et de fulgurances qui m'a véritablement ébloui dans cette exposition.

Ci-dessous, mes coups de coeur :



LES RAMASSEURS DE POMMES DE TERRE, 1905



LE VERGER, 1905



CHALAND SUR LA SEINE AU PECQ, 1906



LE PONT DE CHATOU, 1906/07

mardi 13 mai 2008

Quels leviers pour la relance du pouvoir d'achat ?

Un an après l’élection de Nicolas Sarkozy, les Français semblent stupéfiés devant l’amertume de la potion que s’apprête à leur administrer le pouvoir. C’est véritablement de l’huile de foie de morue, et à forte dose, que nous allons devoir avaler. A qui s’en prendre ? A nous-même ! Ce serait plus honnête. Repartant du principal thème de la campagne présidentielle, ou de celui qui a été retenu comme tel, ce qui revient au même, constatons que la plus grande préoccupation des Français est leur pouvoir d’achat. Comment, alors, faire redémarrer la machine ? Les leviers de la relance du pouvoir d’achat ne sont pas pléthore.

La relance par les salaires ? Impasse. Le gouvernement n’a pas les moyens de décider autoritairement des augmentations de salaire dans les entreprises. Un Grenelle aboutissant, comme il y a quarante ans, à de fortes augmentations engendrerait nécessairement une aggravation de l’inflation. Ce qui serait à rebours de l’effet escompté.

La baisse des prélèvements ? Séduisant. Las, nous avons à éponger trois décennies d’incurie de la part de tous les gouvernements (gauche et droite confondues) ayant abouti à des budgets de l’Etat en déficit permanent et dont le cumul se caractérise par un endettement pléthorique. En outre, les transferts de compétences opérés vers les collectivités territoriales sans transferts de ressources durables ni même réduction de la voilure étatique conduit à un alourdissement de la fiscalité locale. En revanche, le gouvernement Fillon engage la seule politique possible : une révision générale des politiques publiques devant entraîner des réductions drastiques de dépenses publiques et d’effectifs de fonctionnaires.

La redistribution ? Les profonds déséquilibres constatés des différents comptes sociaux rendent illusoire l’espoir de recours aux bonnes vieilles recettes de l’Etat-providence. L’enfer étant pavé de bonnes intentions, et si de tels dispositifs d’accompagnement des accidents de la vie étaient justifiables, les abus et les largesses ont compromis durablement le système. L’allongement de la durée de cotisations pour les retraites ou l’instauration d’une franchise médicale préfigurent d’autres révisions déchirantes telles le recours aux mutuelles ou aux assurances pour le financement de la dépendance.

Le partage du travail ? Là, on touche au cœur des illusions coûteuses. L’instauration des 35 heures n’a pas conduit à la moindre réduction du chômage. Au contraire avec, en dommage collatéral, un gel global des salaires, une perte de compétitivité et des déficits publics encore plus accentués. Les préretraites ou l’avancement de l’âge légal de départ à 60 ans n’ont pas plus favorisé l’entrée des jeunes sur le marché du travail. Au contraire, non seulement nous avons l’un des plus faibles taux d’activité de seniors en Europe mais encore une des plus forts taux de chômage des jeunes.



Les prix ? Dans les années 60 et 70, la fixation administrative des prix n’a jamais empêché l’inflation. Au contraire même, elle l’a entretenue. Ce n’est donc pas de réglementation supplémentaire dont nous avons besoin mais de davantage de concurrence. C’est en partie le propos de la Loi de Modernisation de l’Economie présentée par Christine Lagarde. En outre, il n’y a aucun espoir de voir le prix de l’énergie redescendre aux niveaux dont nous avons la nostalgie. Il faut donc apprendre à changer nos habitudes de transport et, plus généralement, de consommation.

Tout ceci n’est guère réjouissant ? Probablement mais nous devons, avant de nous en prendre à ceux qui ont la déveine d’être aux affaires maintenant, prendre conscience de ceci : nous avons collectivement vécu très largement au-dessus de nos moyens sur le fondement d’une double illusion, celle des dépenses publiques à fonds perdus et de l’énergie accessible et bon marché. Il fallait bien payer un jour l’addition. De plus, non seulement, ce jour est arrivé mais, comble de malchance, il intervient dans un contexte économique mondial très défavorable.




Quelle que soit l’ampleur de la contestation sociale à venir, la politique engagée par le gouvernement est la seule possible.

mercredi 30 avril 2008

Les sources du libéralisme français

Ce mois-ci, combien de fois aurons-nous les oreilles rebattues par la célébration du quarantième anniversaire des « événements » de mai 68. Je ne ferai pas ici la chronique de cette commémoration : d’autres que moi seraient plus qualifiés pour y pourvoir. Non point que je néglige les faits antérieurs à ma venue au monde. J’aime trop l’histoire pour céder à cet aveuglement. En revanche, il est certain que je n’ai guère de dilection pour cet épisode.

En fait d’anniversaire, j’ai plaisir à vous signaler celui de la revue «Commentaire » que je cite souvent dans ces colonnes. Fondée en 1978 par Raymond Aron, cette excellente publication trimestrielle propose, dans sa livraison printanière, un numéro exceptionnel. En ouverture de celui-ci, son directeur, Jean-Claude Casanova, rappelle la pétition de principe des pères fondateurs de « Commentaire » : « la combinaison de recherches intellectuelles, originales et contrastées, avec un souci politique permanent au service de la liberté. » Inutile de rappeler ici que le propos de la revue n’est rien moins que la défense et l’illustration de la pensée libérale. Le sommaire du numéro daté du Printemps 2008 est particulièrement riche.




Dans ce numéro, Gil Delannoi, directeur de recherches à la Fondation Nationale des Sciences Politiques, s’interroge sur ce « que veut dire libéral aujourd’hui » : « Il fut un temps où libéral signifiait généreux et partisan des libertés publiques et privées. Il fut même un temps où libéral était devenu synonyme de modération, de tolérance et de protection des individus et des groupes contre les excès de pouvoir. » Et l’auteur de constater avec amertume combien ce qualificatif n’a plus la faveur de l’opinion. « Une question se pose alors : comment nommer ce que recouvrait le sens vieilli de libéral ? » Delannoi propose successivement d’y substituer pluralisme, ou démocratique, ou modération. Le raisonnement est étayé mais on ne parvient pas à se résoudre au renoncement à ce beau mot hélas tant décrié.

Deux ouvrages parus dernièrement invitent le lecteur à se plonger aux sources de la pensée libérale française. Lucien Jaume et Laurent Theis publient respectivement deux biographies chez le même éditeur, Fayard, qu’on ne saurait trop féliciter de prendre un tel risque idéologique. L’une est consacrée à Alexis de Tocqueville, l’autre à François Guizot.



Ecrivain, historien et homme politique français du XIXème siècle, Tocqueville (1805-1859) est surtout connu pour ses ouvrages sur la démocratie américaine, la Révolution française et l’évolution des régimes politiques en général. Aron le tenait pour un grand précurseur de la sociologie politique.




Homme politique et historien, François Guizot (1787-1874) est son contemporain. Il est moins connu du public qui ne retient souvent de lui qu’une citation caricaturale : « Enrichissez-vous ! ».. Figure de la Monarchie de Juillet, Guizot incarne cette tradition politique française que René Rémond dans sa typologie des « Droites en France » a qualifié d’ « orléaniste » : une forme de conservatisme libéral et modéré.

On ne s’éloigne pas de l’actualité en se plongeant dans l’histoire : on y trouve les clés pour mieux la comprendre.

vendredi 25 avril 2008

Sarkozy : garder plus que jamais le cap de la réforme

Faut-il à ce point juger avec sévérité la première année de mandat de Nicolas Sarkozy ? L’âme humaine étant par essence grégaire, la pente naturelle conduit à joindre sa voix aux criailleries ambiantes pour le décrier avec le même entrain que lorsqu’il s’agissait de participer à l’engouement collectif. Bref, l’antipathie d’aujourd’hui est-elle plus rationnelle que l’emballement d’il y a un an ? Le trop et le trop peu tuent le jeu, se plait-on souvent à dire. En matière politique, la règle reste valable.



Il y a très exactement un an de cela, Nicolas Sarkozy a été brillamment élu à la présidence de la République, au terme d’une campagne électorale assez époustouflante, et face à des rivaux dont la médiocrité le disputait à l’arrogance. A-t-il été choisi parce que ni Ségolène Royal ni François Bayrou n’étaient « à la maille » ? L’a-t-il emporté parce les Français étaient las de la dictature du « ni-ni » inaugurée par François Mitterrand et érigée en système par Jacques Chirac ? Tout cela y a fortement contribué mais ne suffit pas à justifier son succès. Depuis quelques mois, le chef de l’Etat atteint des records d’impopularité. Il obtient dans les sondages les pires scores qu’aucun de ses prédécesseurs n’ait obtenus à peine un an après avoir été élu. A quoi le doit-il ? A sa personnalité ? A la surexposition médiatique de son divorce avec Cécilia Ciganer-Albeniz puis de son remariage avec Carla Bruni ? A son goût immodéré pour le clinquant ? A la déception des Français devant un pouvoir d’achat que la crise rogne chaque jour un peu plus et que rien ne vient améliorer ? Tout cela y a fortement contribué mais ne suffit pas à justifier son infortune.

Nicolas Sarkozy a été élu l’année dernière parce que les Français ont, consciemment ou pas, le sentiment que le pays va mal, que son organisation économique et sociale n’est plus à même de faire face au monde actuel, à ses contraintes et à ses enjeux : bref il faut des réformes et Sarkozy était le seul à affirmer avec force sa volonté de les mener. Nicolas Sarkozy est devenu impopulaire pour, à mon avis, trois raisons principales :

- 1°) son comportement a donné aux Français le sentiment qu’il ne s’occupait pas assez d’eux,

- 2°) les premières réformes menées et celles annoncées se heurtent aux habitudes et aux corporatismes de tous poils,

- 3°) la crise financière, énergétique et alimentaire mondiale est anxiogène.

Sur ces trois points, des mises au point s’imposent :

- 1°) Nicolas Sarkozy et son Premier ministre François Fillon ne sont pas restés inactifs depuis un an : autonomie des universités, immigration, carte judiciaire, régimes spéciaux de retraite, réforme du marché du travail, représentativité des syndicats, institutions, Grenelle de l’environnement, hôpitaux…. Les étalages intimes ont été l’arbre qui a caché la forêt des premières réformes menées ou engagées.

- 2°) S’ils les attendent, les Français redoutent aussi les réformes car ils savent qu’elles seront au mieux dérangeantes, parfois douloureuses et le plus souvent l’occasion de profondes remises en causes des modes de penser et d’agir dans un pays endormi dans le confort douillet d’un Etat-providence désormais impécunieux.

- 3°) La triple (voire plus) crise économique à laquelle la planète est confrontée est une indéniable source d’inquiétudes : l’explosion des bulles immobilières et financières, l’envolée des cours des matières premières et alimentaires ne préservent aucun pays. C’est aussi l’occasion pour une Nation à la culture économique déficiente de découvrir qu’il n’est plus temps de se demander si on doit être pour ou contre la mondialisation mais bien au contraire qu’il est urgent de s’y adapter.

Cette année, en demi-teintes, restera peut-être dans nos mémoires comme la première année d’une profonde mutation. C’est pourquoi elle est tant difficile à déchiffrer.

Garder plus que jamais le cap des réformes

Chronique publiée dans La Montagne du 18 avril 2008

«Il faut démontrer qu'un gouvernement peut tenir ses engagements même quand le vent souffle un peu et que la mer est un peu agitée.» Ce sont les déclarations fermes qui ont été tenues par le Premier ministre François Fillon lors de sa visite officielle au Japon la semaine dernière. Convaincu de la nécessité vitale de garder le cap des réformes, le chef du gouvernement a répondu qu’il ne fallait pas qu’on attende de lui qu’il soit de ceux qui « changent de politique à la première manifestation, la première saute de mauvaise humeur de tel groupe de pression, au premier mauvais résultat à une élection locale. »




Dans le même temps, les rues sont à nouveau animées de lycéens qui font monôme contre le programme de révision générale des politiques publiques au prétexte que cette démarche pourrait aboutir à un certain nombre d’effectifs enseignants en moins dans l’Education Nationale. S’il est possible de comprendre l’inquiétude des jeunes, souvent instrumentalisée par des lobbies corporatistes, il est navrant de constater une fois encore que, dans ce beau pays de France, que si le constat est bon, les remèdes prescrits par habitude sont pires que tout.




Illustration : au journal parlé d’une radio d’information, une jeune fille interrogée dans un cortège justifie sa présence par la crainte qui est la sienne d’appartenir à une « génération sacrifiée » dont le niveau et la qualité de vie pourraient être inférieurs à ceux de la génération de ses parents. La conclusion qu’elle en tire est la suivante : non à la politique de réduction des dépenses publiques. Le problème que semble ignorer la lycéenne est que, si ses craintes sont fondées, il n’en demeure pas moins que son avenir est avant tout compromis par l’accumulation de déficits publics et l’hypothèque que constitue l’endettement de notre pays.

En résumé, s’il est bien évidemment excessif de considérer que ce sont les fonctionnaires qui ruinent la France, car c’est faux et injuste à leur égard, il est en revanche évident qu’il est essentiel de parvenir à une meilleure maîtrise des dépenses publiques, à une résorption des déficits et à une forte réduction de l’endettement. Cela passe donc par un certain nombre de révisions déchirantes dans la stratégie et l’action de l’Etat, ainsi que par l’adoption de mesures et de réformes à l’impopularité desquelles le gouvernement sera confronté et qu’il devra supporter sans faillir.

C’est à cette aune-là, et à celle-là seulement, que l’Histoire jugera si la présence de Nicolas Sarkozy à l’Elysée a été utile. Au moment où il aborde le premier anniversaire de son élection, déjà 20 % du temps qui lui est dévolu est écoulé…

Hypocrisie olympique

Chronique publiée dans La Montagne du 11 avril 2008

Faut-il donc être à ce point naïf pour avoir besoin des Jeux Olympiques pour découvrir que la Chine communiste est une dictature ? Il faut dire que bien des beaux esprits qui écument le pavé de Saint Germain des Prés ont souvent été d’honorables correspondants du maoïsme, des thuriféraires du Grand Timonier ! Les étranglements scandalisés et les manifestations sur le parcours de la flamme olympique me font doucement rire. En revanche, je suis un peu agacé qu’il faille se trouver à quatre mois de l’ouverture des Olympiades pour que les protestations se fassent entendre. C’est au moment où la candidature de Pékin a été retenue qu’il eût fallu émettre des réserves ! Mais bon, passons. Ne boudons pas notre plaisir : on ne dénonce jamais assez les régime totalitaires.

La brutalité avec laquelle le régime communiste chinois réprime les manifestations au Tibet met en lumière les méthodes qui sont celles d’un système politique qui foule tous les matins au pied les libertés publiques. Que la Chine soit devenue un pays riche (au moins en partie), qu’elle soit un partenaire économique et industriel incontournable n’enlève rien à ce qu’il y a de plus détestable dans l’ex-Empire du Milieu. Les policiers chinois en survêtement bleu et blanc, lunettes noires et oreillette, sont une illustration de la façon dont le comité olympique de ce pays considère l’héritage de Coubertin. Nous avons tous vu à la télévision les images du parcours chaotique de la flamme à Paris. Le comportement de ces hommes de main, leur brutale arrogance, l’attitude des officiels chinois témoignent éloquemment de l’entreprise de propagande politique que constituent les Jeux de Pékin.




Alors que faire ? Le boycott des épreuves sportives ? Assez ridicule quand on n’a rien dit lors de la désignation de la capitale chinoise. La bouderie lors de la cérémonie d’ouverture ? Un rien naïf et immensément hypocrite.

Il faut simplement tirer les conséquences de la situation : d’une part, les JO ne sont plus, et depuis belle lurette, le moment héroïque de la quête sportive pure et de la rude fraternité entre les peuples. L’ont-ils jamais été ? Ils en sont aujourd’hui à des années-lumières.

En revanche, entreprise de spectacle sportif à vocation planétaire, la quinzaine estivale est une formidable machine à fric pour les grands groupes qui en sont les sponsors et les intermédiaires qui revendent les droits de retransmission télévisée. C’est aussi une incroyable opportunité de propagande ou de promotion (selon le régime politique qui y prévaut) pour la nation hôte.

Alors que nos athlètes se bouchent les narines au moment de concourir, que nos dirigeants mettent un mouchoir sur leurs principes et que nos entreprises aillent conquérir des marchés et trouver des opportunités d’affaires. Puisque les dirigeants du monde sportif et les diplomates sont resté cois quand Pékin a été retenue comme ville olympique, le sort en étant jeté depuis longtemps, allons y faire du business. Notre économie en a grand besoin.

Trop cynique tout ceci ? Je ne sais pas mais puisque tous les principes invoqués ont été bafoués depuis des lustres, il est trop tard pour pleurer sur le lait renversé.
Pour ma part, je continuerai à ne pas regarder les Jeux Olympiques à la télévision.

vendredi 4 avril 2008

Il faut réduire les dépenses publiques



RGPP. Savez-vous ce que veut dire cet affreux sigle ? Non ? Probablement est-ce une lacune car du destin réservé à ce qu’il représente dépend probablement notre avenir. RGPP signifie « révision générale des politiques publiques ». La presse en parle d’abondance. Des annonces importantes doivent être faites par le président de la République ces jours-ci.

De quoi s’agit-il donc ? Il s’agit de l’établissement complet d’un diagnostic des actions de l’Etat en vue de rationaliser et de maîtriser les dépenses publiques. L’enjeu est d’importance alors que, de l’aveu même du Premier ministre, la France traverse un « trou d’air » économique, lié au contexte mondial, et que les « caisses sont vides ». Parité euro/dollar, coût des matières premières, crise financière internationale : autant de difficultés qu’il faut bien affronter.

Derrière le vocable technocratique « RGPP » se cache la mise en œuvre d’une remise à plat de la gestion publique dont notre pays a grand besoin. Les annonces faites par Nicolas Sarkozy relève de cet impérieux besoin. Cela fait maintenant de nombreuses années que toute une série de rapports ont été rendus sur l’endettement, sur les déficits et sur les remèdes à administrer au malade. Michel Pébereau et Jacques Attali, pour ne parler que des plus emblématiques rapporteurs, ont largement défrayé la chronique. Maintenant, les pouvoirs publics sont au pied du mur, obligés de régler une addition dont ils ne sont pas responsables. Soit ils s’engagent – et très vigoureusement – dans cette direction, soit ils continuent à prendre des hypothèques sur l’avenir de nos enfants.

Déjà, les voix s’élèvent contre la réduction du nombre de fonctionnaires, pour la défense des implantations les plus coûteuses des services publics, contre l’allongement de la durée de cotisation pour les retraites. Pour d’autres, il est bien commode de désigner l’arbre du paquet fiscal de l’été dernier pour dissimuler la forêt de la gabegie collective depuis tant d’années.

« La France peut supporter la vérité », avait écrit François Fillon en son temps. C’est le moment ou jamais de le vérifier.



Rigueur ou austérité ? Comme d’habitude, le gouvernement pousse des cris d’orfraie et nie farouchement s’engager dans une telle direction. Pourtant, c’est bien à une réduction importante des dépenses publiques qu’il faut que la France s’astreigne à l’instar de ce qu’ont pratiqué d’autres pays comme le Canada ou la Suède. Il faut regarder avec attention ce qu’ils ont fait et s’en inspirer.

Alors, oui, il est probable que les multiples annonces que vont devoir faire dans les prochains mois Nicolas Sarkozy et François Fillon provoqueront du tangage social et amèneront la contestation dans la rue. Il faut s’y préparer. Il faut s’y résoudre. Il faut le comprendre et l’accepter.

Plus la potion paraîtra amère, plus elle aura de chances d’être efficace.

mercredi 2 avril 2008

Après les municipales...

Le résultat des élections municipales et cantonales, sur le plan national, restera longtemps un sujet sur lequel bien des conjectures seront faites. Les exégètes de tous ordres rivalisent d’analyses et de considérations variées. De celles-ci, il ressort un point important qu’il serait dangereux de négliger. Comme le veut la tradition, ces élections intermédiaires constituent une difficulté importante pour le pouvoir politique en place. Cela a toujours été le cas. Nicolas Sarkozy l’avait pressenti et c’est la raison principale pour laquelle il avait, bien avant son élection, proposé de fixer la date de tenue de celles-ci immédiatement après l’été dernier. De ce fait, il espérait que les élus locaux sortants qui l’avaient soutenu à la présidentielle profiteraient d’un état de grâce dont il savait bien qu’il ne survivrait pas aux premiers frimas.

Ce dont personne ne se doutait par contre, c’était la raison pour laquelle le contexte politique pourrait être moins porteur. En effet, les difficultés sont moins venues des conséquences de la politique menée par le Gouvernement que de la pratique elle-même de la fonction présidentielle par son titulaire. La meilleure preuve en est l’évolution symétriquement inversée des courbes de popularité de Nicolas Sarkozy et de son Premier ministre, François Fillon.

Que faire maintenant ? Le petit ajustement technique qui a tenu lieu de remaniement gouvernemental, ne saurait en aucun cas être considéré comme une réponse politique appropriée. Du reste, à la veille ou quasiment à la veille de la présidence française de l’Union européenne, il était plus important d’assurer une forme de stabilité gouvernementale.

En revanche, il apparaît essentiel pour le pouvoir exécutif de relancer sa politique de réformes avec une détermination rendue encore plus nécessaire par la conjoncture économique mondiale. Les Français l’attendent et leur vote de mars (l’abstention est aussi une forme de vote) en témoigne assez éloquemment. D’ailleurs une preuve supplémentaire en est donnée par la réélection de maires salués pour leur action réformatrice et transformatrice, comme à Tarbes par exemple.



Enfin, le président de la République doit mener une forme d’introspection, de conversion du regard en lui-même pour apprendre à prendre de la hauteur et de la distance à l’égard des charges de sa fonction. Les Français veulent que le pays changent mais il est une chose qui ne changera pas de sitôt : nous sommes un vieux pays monarchiste et contestataire. Si nous aimons à changer de Prince, nous aimons à ce qu’il en ait l’allure, le train et la componction. C’est ainsi et il faudra bien que Nicolas Sarkozy se plie à cette exigence atavique.

vendredi 14 mars 2008

Municipales à Tarbes : un choix éthique

Depuis maintenant plus de vingt ans, je me suis engagé dans la vie politique en tant que militant puis, depuis sept ans, élu local. Cet engagement est la traduction de convictions libérales, humanistes, sociales et européennes. C’est donc tout naturellement que j’ai rejoint Gérard Trémège depuis bientôt plus de quinze ans.
Pendant sept ans, après avoir emporté une victoire difficile mais d’autant plus belle, nous avons à ses côtés contribué à redynamiser une ville littéralement encalminée par vingt-quatre années de gestion socialo-communiste. Le bilan est là, il saute aux yeux. Pour les prochaines années, nous avons le projet de faire de Tarbes une des villes moyennes les plus dynamiques du Sud-Ouest à travers des aménagements et des équipements attractifs, mais aussi une référence en matière d’écologie urbaine et de développement durable. Le vote de dimanche permettra, après un premier tour nous ayant placé en ballottage favorable, d’exprimer le choix des Tarbais en faveur de la continuité de l’action menée depuis 2001.




Le combat électoral revêt aussi une dimension morale. En effet, par le choix de campagne qu’il a fait, Jean Glavany a placé le débat sur ce terrain-là. A son détriment naturellement. Au-delà de sa propension à donner des leçons de démocratie à l’envi, le candidat socialiste illustre de façon singulière la conception qui est la sienne en la matière.

Prenons deux exemples, ils sont éloquents.

Après avoir pérégriné, Jean Glavany s’est présenté aux élections municipales à Aureilhan en 2001. Usant des possibilités offertes par le Code électoral, il n’a pas estimé nécessaire de se faire inscrire sur les listes électorales de cette commune car celle-ci est située dans la circonscription dont il est le député. Du reste, il se moquait d’Aureilhan comme d’une guigne puisqu’il n’avait arrêté son regard sur cette ville que pour être son délégué au Grand Tarbes dont il voulait obtenir la présidence. Jetant maintenant son dévolu sur Tarbes, il a préféré ne pas procéder de la même façon. En effet, la tradition veut que la presse locale publie, le lendemain du premier tour, la photo des principaux candidats en train de voter. Il lui fallait donc être inscrit sur les listes électorales. Toujours aussi peu soucieux de s’enraciner sur cette terre bigourdane qui ne reste pour lui qu’une terre d’élection, il a préféré jouir d’un hébergement de complaisance chez un de ses colistiers, en l’occurrence le premier secrétaire départemental du Parti socialiste, Jean-Claude Palmade !!! Voilà des manières de faire qui en disent long sur les principes du personnage.

Deuxième exemple, l’ « accord de gestion » passé avec un des candidats ayant figuré sur la liste du MODEM au premier tour. Coincé par l’accord politique qui le lie au Parti communiste, Jean Glavany n’a pas pu, comme il le souhaitait, conclure un accord avec le parti de François Bayrou que pourtant il qualifiait de « montgolfière du Béarn » il n’y a pas si longtemps. Alors, retors comme jamais, il a contourné l’obstacle : il a promis à tour de bras des postes plus ou moins honorifiques dans des organismes para-municipaux comme l’Office Municipal des Sports, la SEMI (Société Immobilière de la Ville) ou l’Office du Tourisme. Pour ce dernier, il n’a pas eu de mal à convaincre Pierre Couderc. Ancien médecin et ami de Gérard Trémège, vieux militant politique de droite (il fut deux fois candidats malheureux à des cantonales sous l’étiquette UDF-RPR puis UMP), celui-ci a tellement redouté de perdre les avantages que lui avait accordé Gérard Trémège dont il était l’adjoint pendant sept ans que, extrapolant à la va-vite les résultats des présidentielles et des législatives, tel la girafe, il s’est laissé repeindre en zélote de Jean Glavany contre la promesse d’un plat de lentilles. C’est triste pour ceux qui étaient ses amis (j’en fus) ; c’est moche au regard de la morale politique.

Tout ceci pour illustrer à quel point le choix de dimanche, à Tarbes, est aussi un choix éthique.

jeudi 13 mars 2008

François Fillon à Tarbes



A quelques jours du second tour des élections municipales, François Fillon a rendu visite à Gérard Trémège, maire sortant de Tarbes, placé en ballottage favorable plus de neuf points devant l’ancien directeur de campagne de Lionel Jospin, Jean Glavany.
Ce n’était pas une première visite pour le Premier ministre qui était déjà venu en Bigorre il y a deux ans mais c’était son premier déplacement ici en qualité de chef du gouvernement.

A l’occasion de ce rapide passage dans sa ville, Gérard Trémège a ainsi eu l’occasion de présenter au Premier ministre les principaux projets sur lesquels sa municipalité travaille et qu’il entend bien mener à leur terme dans le cadre d’un second mandat l’aménagement du nouveau quartier de l’Arsenal sur l’emprise délaissée par GIAT-Indutries, le siège du Parc National des Pyrénées à la Villa Fould mais aussi les transformations que connaît le quartier de Laubadère grâce à l’Opération de Rénovation Urbaine (ORU) dont la Ville de Tarbes est l’acteur majeur.
Durant cette escale tarbaise, François Fillon, dont la popularité est encore à la hausse cette semaine, a notamment déclaré que « La gauche nous explique à longueur de journées qu'il faut nationaliser ce scrutin et qu'il faut permettre au fond à Mme Royal de prendre sa revanche. »

« Qu'est-ce que ça veut dire nationaliser le scrutin? Ça veut dire oublier le bilan de Gérard Trémège à Tarbes », a-t-il argumenté.

mercredi 5 mars 2008

Continuons le changement !

D’ordinaire, ces quelques lignes que m’accorde le complaisant éditeur de La Montagne portent un titre emprunté à l’écrivain italien Camilleri, « Le cours des choses ». Cette semaine, je vous propose de poursuivre le cours des choses, le cours normal de celles-ci.

Dimanche, vous vous rendrez aux urnes pour choisir le maire de votre commune. Vous le ferez, j’en suis certain, avec le sérieux et la gravité qu’exige cette possibilité que nous offre la démocratie. La commune est la collectivité de première proximité, elle est, de toutes celles que compte la République, l’unité territoriale dans laquelle les Français se reconnaissent le mieux. De tous les hommes politiques, ceux qui leur sont les plus familiers sont le président de la République et le Maire.



A ce sujet, je conviens que la parallèle est périlleuse tant il est de bon ton sous certains cieux de prédire un vote sanction à l’égard de Nicolas Sarkozy. Au-delà de l’intérêt et de l’attachement que l’on peut porter au chef de l’Etat, je forme le vœu que ceux qui font ces prédictions en soient pour leurs frais. Pour trois raisons. Premièrement parce que c’est mentir aux Français que de leur faire croire que les municipales peuvent être le troisième tour ou la revanche des présidentielles. Les prochaines auront lieu en 2012. C’est bien assez. Deuxièmement parce que toutes les enquêtes d’opinion convergent pour indiquer que, dans leur immense sagesse, en dépit des pressions médiatiques, les électeurs ont décidé de « relocaliser » les enjeux du scrutin de dimanche. Enfin, troisièmement, parce que les Français, conscients des difficultés auxquelles ils sont confrontés, aiment la figure politique de l’élu qui travaille, du responsable aux manettes. C’est l’image que François Fillon, le Premier ministre donne de lui. C’est aussi l’image positive que donne, dans la ville chef-lieu de notre département, le maire de Tarbes, Gérard Trémège.




Rigueur dans les engagements, loyauté dans l’action, sincérité dans les relations, efficacité dans l’action, la fidélité dans l’amitié : ce sont les valeurs qu’incarne celui qui a conquis de haute lutte le siège de premier magistrat de Tarbes en 2001. De e mandat il n’a fait ni une sinécure ni un aboutissement personnel. Il l’a consacré avec détermination et, le plus souvent, panache au renouveau et au redressement d’une ville qui avait tant souffert de la glaciation dans laquelle l’avait enfermée la gestion précédente. Les Tarbais, qui ne sont ni sots ni aveugles, le savent bien et il serait logique qu’ils offrent à leur Maire sortant un nouveau bail de six ans pour poursuivre le travail qu’il a engagé.
Ici, c’est ainsi que les électeurs procèdent avec Rolland Castells dont ils apprécient à juste titre la valeur de l’engagement au service de sa ville et la force des convictions. Depuis 1989, le maire et conseiller général de Bagnères de Bigorre s’est identifié au destin de la commune et du canton, sachant se forger une popularité et susciter une adhésion qui dépassent les clivages.

Gérard Trémège, Rolland Castells : deux Maires pour lesquels le cours des choses ne saurait raisonnablement être interrompu !

vendredi 29 février 2008

Appel de "Marianne" : trop c'est trop !

Pour des raisons dont la plupart résonnent comme autant de défis à la logique, le quinquennat de Nicolas Sarkozy semble connaître une phase – prématurée – d’encalminage. A quoi cela tient-il ? Les avis divergent : le style d’exercice de la fonction de président de la République par son actuel titulaire, l’étalage de sa vie privée, l’impréparation apparente de ses annonces, l’impatience des Français en attente d’avancées concrètes sur le pouvoir d’achat, l’influence de l’entourage et des collaborateurs du chef de l’Etat ? Les avis divergent et disons que, dans tout cela, il y a une bonne dose d’irrationalité autant qu’il y en avait dans l’engouement. Du reste, et ce n’est pas parce qu’ils ne sont pas bons que j’écris cela, Nicolas Sarkozy est probablement le premier de nos présidents à devoir subir la publication quotidienne (quand ce n’est pas plusieurs fois par jour !) de sondages d’opinion scrutant les cœurs et les reins de nos concitoyens.




L’ « appel républicain» publié par l’hebdomadaire Marianne il y a une semaine marquera longtemps les esprits. Trop, c’est trop ! Si nous sommes nombreux à convenir qu’il y a eu incontestablement un flottement dans l’action présidentielle depuis l’automne dernier, probablement dû à des événements intimes qui l’ont chamboulé, cette situation ne doit pas être saisie par les aigris de service qui ne voient là que l’opportunité de prendre une revanche facile. Ce texte, dont la lecture donne le vertige tant il est creux, est principalement signé par celle et ceux qui acceptent mal de n’avoir été ni élu ni candidats en 2007 : Ségolène Royal, François Bayrou, Dominique de Villepin et Jean-Pierre Chevènement. Ils se baguenaudent ainsi accompagnés de quelques comparses de circonstance où se comptent d’anciens gaullistes oubliés, des écolos en perdition, de vieux staliniens ringards. Triste aréopage à la vérité !

Que lit-on dans ce tissu d’inepties ?

Premièrement que les « soussignés » affirment leur « attachement au principe républicain ». Et alors ? Qui parle en France de possibilité de restauration monarchique ? Sarkozy serait Bonaparte parce que son fils cadet se présente aux cantonales ? Bernadette Chirac n’était-elle pas elle-même conseiller général de la Corrèze quand son mari était à l’Elysée et Gilbert Mitterrand ne fut-il pas député de la Gironde dès 1981 ?

Deuxièmement, ils protestent de leur « attachement aux fondamentaux d'une laïcité ferme et tolérante, gage de la paix civile ». Sur ce point, que dit d’autre Nicolas Sarkozy sinon que l’état de la société française n’est plus celui qui était le sien il y a plus d’un siècle et sinon que la laïcité ne signifie pas le bannissement du fait religieux du débat public ? A cet égard, il est amusant de relever que l’un des signataires, François Bayrou, n’hésita pas à faire donner une messe dans son village de Bordères en 1993 quand il fut nommé ministre de l’Education Nationale par Edouard Balladur.

Troisièmement, les pétitionnaires réaffirment « leur attachement à l'indépendance de la presse et au pluralisme de l'information ». Là, c’est la franche rigolade ! Avec tout ce qui se publie dans les journaux et les hebdomadaires, y compris dans ceux que l’on pensait être les plus sérieux, il est loisible de mesurer combien la liberté d’expression n’est en aucune façon menacée en France.

En clair, cet « appel républicain » n’est ni politiquement signifiant, comme le pensent ses signataires, ni scandaleux, comme le pensent leurs adversaires. Il est seulement grotesque.

Dès que l’épisode électoral, aux enjeux exclusivement locaux, sera passé, il appartiendra au gouvernement de mettre en œuvre le programme de réformes de fond dont la France a besoin, pour lequel ont été élus le président de la République et sa majorité parlementaire et, en réalité, dans l’attente duquel nos concitoyens s’impatientent.

vendredi 8 février 2008

Le Rapport public annuel de la Cour des Comptes : la gabegie de l'Etat

Le Rapport public annuel de la Cour des Comptes, vénérable institution au passé bicentenaire, a été remis ces jours-ci au président de la République par son Premier président, Philippe Séguin. Ce document dresse un bilan des différentes pratiques publiques en matière de gestion de nos deniers. Et il est souvent édifiant. Cette fois-ci, une de plus, les hauts magistrats financiers pointent du doigt un certain nombre d’aberrations et de cas d’espèces éloquents sur l’incurie publique. Cette lèpre qui ronge notre Nation sans que personne n’y trouve grand chose à redire frappe à tous les étages de l’édifice étatique.




La Cour des Comptes critique en particulier l’Etat actionnaire. Malgré les progrès liés à la création de l'Agence des participations de l'Etat, les experts de la rue Cambon remarquent que l'Etat en tant qu'actionnaire est parfois tenté de vendre pour réduire son déficit, au détriment de ses intérêts à long terme. Il se retrouve "de plus en plus souvent dans une position d'actionnaire minoritaire ce qui affaiblit ses positions", dénonce M. Séguin. C'est l'exemple "symptomatique" d'EADS: "détenteur de 15% du capital, l'Etat s'est montré incapable au premier semestre 2007 d'exercer un contrôle effectif des comptes et des perspectives stratégiques de la société".

La Cour des comptes chiffre par ailleurs à 20,7 milliards d'euros la "très lourde" facture des "défaisances", ces opérations destinées à sortir des actifs compromis des comptes de sociétés publiques ou privées, comme le Crédit Lyonnais, le Crédit foncier de France, le Comptoir des entrepreneurs et le GAN (Groupe des assurances nationales).

Les remarques du rapport concernent non seulement l’Etat actionnaire mais aussi le rôle et la stratégie du CNRS, les universités ou l’évolution des structures et services aux demandeurs d’emploi. Sont aussi abordés des thèmes tels que la réforme de la gestion des pensions des fonctionnaires de l’État, la redevance audiovisuelle ou encore les interventions en faveur de l’égalité hommes-femmes. La Cour revient également sur la gestion du patrimoine immobilier public, une véritable gabegie.

Certes, la rapport Attali déclenche les foudres de la plupart des intérêts corporatistes de ce pays. Mais après celui dressé par Michel Camdessus et dont Nicolas Sarkozy, alors éphémère locataire de Bercy, avait dit qu’il en faisait son livre de chevet, il est grand temps de s’atteler à la rationalisation des dépenses publiques, à la maîtrise puis à la réduction de celles de l’Etat, des régimes sociaux et des collectivités locales, à la réduction de la dette publique puis à celle des prélèvements obligatoires qui pèsent sur les ménages et les entreprises de notre pays. Ce n’est qu’ainsi que pourra être rendu aux Français une part de la richesse qu’ils produisent et aux entreprises la compétitivité qui leur manque face à la concurrence mondiale.

jeudi 7 février 2008

Société Générale : "KOLOSSALE" affaire !

Publié dans La Montagne du 1er février 2008

La rocambolesque affaire de la Société Générale place les mécanismes de fonctionnement des marchés financiers sur la sellette. Elle le fait avec d’autant plus d’acuité que nul n’y comprend rien, ou presque. A commencer, semble-t-il, par les principaux dirigeants de la banque qui, à l’instar de leurs collègues des autres établissement, ont laissé la bride sur le cou à de jeunes types qui jonglent avec les milliards en usant de méthodes complexes que leur sabir ne saurait en aucun cas rendre plus explicite. Le problème qui se pose ici est celui de la complexification d’une économie non seulement mondialisée mais également « financiarisée » et technicisée.




Que peut-on y faire ? Pas grand chose ? C’est un peu court.

Il serait tentant, à l’aune des encours des portefeuilles de petits porteurs dont je suis, d’être saisi d’un immense sentiment de ras-le-bol et de prêter une oreille attentive à la diarrhée verbale altermondialiste. Pour autant sympathique qu’elle puisse paraître à certains moments – quand elle est sincère et non pas quand elle sert de prothèse au communisme orphelin de la chute du grand frère soviétique – cette bouillie ne rime à rien.

Si, selon La Bruyère, Racine a peint les hommes tel qu’ils étaient et Corneille tels qu’ils devraient être, il en va de même des théories économiques. Du reste, le Forum Economique Mondial de Davos a, cette année, été marqué par l’absence de contre-manifestation du type de celle de Porto-Alegre…



Mais faut-il se contenter de tout cela ? Certainement pas.




Cependant la réponse n’est ni dans le Tout-Etat ni dans le laisser-faire. Ce n’est pas à la puissance publique de se substituer aux actionnaires de la Société Générale ou d’entrer à son capital. Le gouvernement, qui comme ses prédécesseurs pendant plus d’un quart de siècle fait entériner au Parlement des déficits budgétaires abyssaux (plus de 38 milliards d’euros fin 2007, soit près de 8 fois la « performance » de Jérôme Kerviel), a l’air fin de vouloir jouer le grand air du patriotisme économique quand le Président court la planète pour placer là des centrales nucléaires d’Areva, ici des avions d’Airbus ou ailleurs des trains d’Alstom !

On ne peut pas rassurer les Français en leur expliquant aussi mal quel est ce monde dans lequel ils vivent.

En revanche, l’économie capitaliste mondiale ne peut fonctionner correctement sans règles ni instances régulatrices, sans contraintes ni sanctions. La loi fondamentale de l’offre et de la demande, qui régit les échanges, est en situation de dysfonctionnement quand la rationalité des agents économiques est en cause.

Dans cette « KOLOSSALE » affaire, ce qui est en cause relève du management d’un établissement bancaire qui contrôle mal le travail de ses collaborateurs et qui n’exerce aucun contrôle des flux financiers effectués à partir de l’argent que lui confient ses clients et ses déposants. Sans aucun doute, les mesures correctives vont être mises en œuvre de telle sorte que de tels incidents ne se reproduisent plus. En dépit du caractère massif des pertes essuyées, la Société Générale est loin d’être faillie et il y a fort à parier qu’elle rebondira même si ce n’est plus dans la même configuration que celle qu’elle a connue jusqu’à lors.

En me relisant, je suis en train de me dire qu’il est finalement difficile d’être clair et précis sur un tel sujet mais cette apparente confusion des sentiments témoigne de la perplexité de l’opinion publique…

mercredi 6 février 2008

De Pompidou à Attali

Chronique publiée dans La Montagne du 25 janvier 2008

La séquence jet-set, un brin vulgaire et assurément de très mauvais aloi, est maintenant derrière nous, semble-t-il. L’alerte est sévère et la sanction des sondages de popularité n’a pas tardé à tomber. Nos concitoyens apprécient l’allant et la détermination de Nicolas Sarkozy à faire bouger les choses. Ils ne sont point rebutés par son hyper-activité à condition que celle-ci leur donne l’impression d’être dédiée à la résolution de leurs problèmes. Car ceux-ci, et ceux de la France dans la même occasion, sont pléthore. La sorte de krach boursier qui s’est abattue sur l’ensemble des places financières de la planète apporte, si besoin était, une nouvelle touche sombre à un tableau d’ensemble de l’économie qui ne porte guère à sourire.

Dans ce contexte, les Français, qui ne sont point aussi sots que certains le pensent, ont parfaitement compris que, premièrement, nous entrons dans une nouvelle phase de crise économique et que, deuxièmement, l’Etat français étant en situation de quasi-faillite, les recettes d’autrefois (le recours à l’Etat-providence) ne sont plus envisageables. Alors, ils veulent un président de crise. Ils aspirent à voir un chef de l’exécutif aux manettes, au four et au moulin, la sueur au front, les manches retroussées. La bimbo et les lunettes d’aviateur font mauvais genre à leurs yeux et ils leur préfèrent soudain le style «vieille école », très orléaniste, de François Fillon. Et ce n’est que justice !




Le Premier ministre donne au pays l’image rassurante et crédible d’un homme de terroir, compétent, intègre, volontaire et déterminé à changer les choses. A la fois pragmatique et réformateur, conservateur et moderne, François Fillon, fors la ressemblance physique, pourrait tenir en France la position qu’y occupa naguère Georges Pompidou.




Mais Nicolas Sarkozy a de la ressource et il n’a pas manqué de se ressaisir dès qu’il a reçu le message de l’opinion publique, relayée par les élus de sa majorité. Dans ses vœux au corps diplomatique, il a déclaré qu’il « n’[a] pas été élu pour [s]’incliner devant des fatalités. Du reste, je ne crois pas à la fatalité. J’ai été élu pour créer des opportunités, pour changer la France à travers un processus continu de réformes profondes. »

Le rapport de la Commission Attali qui vient de lui être remis lui donne une bonne occasion d’illustrer cette volonté. Etait-il maladroit de confier la présidence de cette commission à l’ancien conseiller spécial de François Mitterrand ? Je crois la manœuvre au contraire plutôt habile. En effet, dans ce bon vieux pays de France, il vaut mieux faire endosser les idées libérales à des gens de gauche pour les rendre acceptables. Certes, Jacques Attali ne peut résister à quelques carabistouilles un brin provocatrices à l’égard des élus (la suppression des départements) ou de l’opinion (l’ouverture des vannes de l’immigration). En revanche, les propositions dont il se fait l’interprète relèvent du bon sens pour la plupart et nécessiteront courage et détermination lors de leur mise en œuvre.




Mais, dans une démocratie, le pouvoir ne saurait appartenir aux experts. C’est donc au gouvernement et au Parlement qu’il revient de séparer le bon grain de l’ivraie. Ce rapport offre une opportunité considérable de lancer des réformes en profondeur et aux partis de la majorité comme de l’opposition de prendre leurs responsabilités. Tout faire sans discernement relèverait de la maladresse. Ne rien faire, à contrario, serait une faute. De même que c’est au pied du mur que l’on reconnaît le maçon, c’est au pied de la réforme que l’on reconnaîtra le président réformateur. A lui de jouer maintenant. Flanqué de François Fillon, il ne peut espérer meilleure compagnie pour relever ce défi.

vendredi 11 janvier 2008

Fondation pour l'Innovation Politique : "Les jeunesses face à leur avenir"

Quarante ans après que le pavé parisien se soit embrasé sous l’effet des manifestations du fameux mois de mai, la Fondation pour l’Innovation Politique vient de publier une passionnante étude intitulée « Les jeunesses face à leur avenir ». Celle-ci est gratuitement accessible sur Internet (www.fondapol.org). Menée sous la houlette d’Anna Stellinger, directrice de recherches économiques et sociales à la Fondation, conduite par l’institut de sondage Kairos Future, cette vaste enquête a consisté à interroger 20 000 jeunes âgés de 16 à 29 ans, en Europe, aux Etats-Unis, en Chine, en Inde, en Russie, à Taïwan et au Japon. Ces entretiens avaient pour objectif de mesurer la perception qu’ont les jeunes de leur avenir, de la mondialisation, du travail, de l’argent, de la famille. En un mot comme en mille, ont-ils le moral ?




Les résultats de cette étude très détaillée sont édifiants : ce sont les jeunes Français qui abordent la vie et le futur avec le plus de pessimisme. Ils voient leur avenir, comme celui de la société, avec crainte ; la mondialisation leur fait peur ; ils redoutent de ne jamais trouver un emploi satisfaisant pour eux. Bref, cela ne va pas fort. La jeunesse française broie du noir… Cette déprime de la tranche d’âge qui entre ou s’apprête à entrer dans l’âge adulte est d’une profondeur telle que même le moral des jeunes Allemands ou Britanniques – déjà pas très follichon – semble celui d’un gai pinson. Seuls les Polonais ou les Italiens se situent avec nos jeunes compatriotes en bas de ce classement.

Les causes sont multiples. « Les jeunes Français redoutent le déclassement et savent que leurs revenus risquent d’être inférieurs à ceux de leurs parents, commente dans L’Express du 3 janvier 2008 le sociologue Vincenzo Cicchelli, Les Indiens, les Chinois et les Russes entrevoient au contraire la possibilité de grimper dans l’ascenseur social. Pour eux, les Trente Glorieuses commencent. » Aux Etats-Unis, pourtant tellement décriés en France, 60 % des jeunes, contre 27 % des Français du même âge, espèrent un bon job à l’avenir. Plus symptomatique de la résignation qui saisit notre pays, 63 % des jeunes Américains considèrent que les gens peuvent changer la société alors que seuls 39 % de nos compatriotes interrogés le croient.

Le constat une fois dressé, il faut identifier les causes de ce malaise. La Fondation pour l’Innovation Politique en pointe quelques-unes : le chômage des jeunes, l’échec du système scolaire également. Songeons à cet égard qu’un élève français sur cinq arrête sa scolarité avec seulement en poche le niveau du brevet des collèges et que un étudiant sur quatre entrant dans l’enseignement supérieur le quittera sans avoir obtenu le moindre diplôme. De plus, la culture et la pratique sociales de la France ne favorisent pas la mobilité. Ici, le diplôme confère un statut social à vie, sorte de couloir sans issue, illustration d’une société bloquée où la reconversion en cours de vie fait figure d’exception. Reste enfin l’écrasante responsabilité collective de la génération des parents et des grands-parents des 16-29 ans, celle des « baby-boomers » et des « soixante-huitards ». L’accroissement exponentiel de son niveau de vie et de protection sociale a été financé à crédit aux dépens de leurs successeurs et de la société en général, de même que l’idéologie dominante a laminé toute velléité de compétitivité dans un monde en plein bouleversement.

Terrible constat au moment où nous devons faire face non seulement à la faillite de l’Etat-Providence mais également aux conséquences cumulées d’un troisième choc pétrolier et d’une crise environnementale dont on n’entrevoit à peine que les prémices. Bonne année malgré tout !

Toyota Land Cruiser : juste pour le plaisir !





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En este anuncio publicitario podemos ver a uno de los ultimos modelos de todoterrenos sacado por la Marca Toyota. Es expectacular como esta hecho. En el anuncio sobre todo lo que quieren destacar es su capacidad de frenado. Increible.lici

jeudi 10 janvier 2008

Primaires du New-Hampshire : Clinton et Mac Cain virent en tête

Cette semaine, ce sont deux autres candidats qui virent en tête au terme de cette nouvelle étape du système électoral et politique américain si particulier.

Côté démocrate, l'ex-First Lady Hillary Clinton et côté républicain le "vétéran" John Mac Cain.

Deux politiciens chevronnés, parlementaires éprouvés. Clinton est sénateur de New-York, Mac Cain, sénateur de l'Arizona.

Ce sont deux styles très différents.

Observons-les.

Hillary Clinton :



John Mac Cain :

vendredi 4 janvier 2008

Caucus de l'Iowa : Obama et Huckabee en tête

Les "Caucus" de l'Iowa, hier, ont placé le démocrate Barack Obama et le républicain Mike Huckabee sous les projecteurs de la campagne en vue de la désignation du prochain président des Etats-Unis.

Un de ces hommes sera peut-être le prochain "Commander in chief" de la première puissance au monde.

Ces deux videéos permettent de mieux les connaître, ou de faire connaissance avec eux.

Barack Obama :



Mike Huckabee :

"Politique de civilisation" ?

Les premiers vœux que Nicolas Sarkozy a présentés es-qualité aux Français n’étaient, n’en déplaise à son entourage, guère originaux dans leur forme. Nul ne saurait lui en faire grief tant l’exercice est, précisément, très formel. En revanche, le contenu du message à la Nation s’apprêtant à réveillonner était bien plus intéressant que le fait de savoir dans quelle mesure le président de la République savait lire un texte sur prompteur avec ou non un air dégagé.



Dans cette adresse présidentielle, et au-delà de l’engagement à tenir les promesses de campagne, à ne pas tromper ou trahir ceux qui lui ont fait confiance (serment réitéré à satiété depuis des mois), le chef de l’Etat a prononcé des paroles qui méritent d’être entendues avec une attention soutenue : « Avec 2008, une deuxième étape s’ouvre : celle d’une politique qui touche davantage encore à l’essentiel, à notre façon d’être dans la société et dans le monde, à notre culture, à notre identité, à nos valeurs, à notre rapport aux autres, c'est-à-dire au fond à tout ce qui fait une civilisation. Depuis trop longtemps la politique se réduit à la gestion restant à l’écart des causes réelles de nos maux qui sont souvent plus profondes. J’ai la conviction que dans l’époque où nous sommes, nous avons besoin de ce que j’appelle une politique de civilisation. »

Il faudra, dans les prochains mois, être extrêmement vigilant pour comprendre ce que Nicolas Sarkozy a voulu dire le 31 décembre. Ces valeurs sont-elles celles dont il s’est réclamé lors de sa visite au Saint-Siège : « La laïcité n’a pas le pouvoir de couper la France de ses racines chrétiennes. Elle a tenté de le faire. Elle n’aurait pas dû. Comme Benoît XVI, je crois qu’une nation qui ignore l’héritage éthique, spirituel, religieux de son histoire commet un crime contre sa culture, contre ce mélange d’histoire, de patrimoine, d’arts et de traditions populaires, qui imprègne si profondément notre manière de vivre et de penser. Arracher la racine, c’est perdre la signification, c’est affaiblir le ciment de l’identité nationale, c’est dessécher davantage encore les rapports sociaux qui ont besoin de symboles de mémoire. C’est pourquoi nous devons tenir ensemble les deux bouts de la chaîne : assumer les racines chrétiennes de la France, et même les valoriser, tout en défendant la laïcité, enfin parvenue à maturité. » ?

Ou est-ce, comme le prétend notamment le journal La Croix (édition du 2 janvier) un emprunt fait au sociologue Edgar Morin ? En 1995, au cœur des mouvements sociaux, celui-ci écrivait : « Il faut restaurer maintenant une politique de portée historique, un grand New Deal, que j’appelle, moi, une politique de civilisation. » Et l’intellectuel de gauche, ancien membre du Parti communiste, de réitérer son concept en 1997, en cosignant avec le politologue chevènementiste Sami Naïr un essai intitulé « Une politique de civilisation » (Editions Arléa). Une telle politique, selon les auteurs, suppose des « comités permanents visant à réduire les ruptures sociales », une politique keynésienne de « grands travaux », des « maisons de la solidarité » et un « service civil ad hoc » pour « humaniser les villes » et lutter contre la « désertification des campagnes ». Morin, dont les premières réactions donnent à penser qu’il ne se réjouit guère de voir son bazar conceptuel récupéré par Sarkozy et Guaino, a fait partie de ceux qui, dans le sillage de Jean-Pierre Chevènement, ont soutenu Ségolène Royal aux présidentielles.

Alors, la « politique de civilisation » de Sarkozy, info ou intox ? Récupération cosmétique de mots flatteurs pour l’oreille ou nouvel avatar de l’ouverture annonçant un véritable virage idéologique de celui qui, pendant la campagne, prétendait pourtant décomplexer la droite ? Entre le remarquable discours du Latran et les vœux télévisés très équivoques, le grand écart est tel que la déchirure guette. Assumer l’héritage de la « civilisation » qui a fait la France ne saurait conduire à singer la pensée post-marxiste. Décidément, la vigilance s’impose.