jeudi 26 juin 2008

François-Xavier Brunet : "Un songe d'or et de fumée"

Un homme fuit sa vie pour mieux renaître à une autre. Etienne Santini en fait peu à peu sa devise, lui qui devient François Meursault au fil des pages, criminel traqué malgré lui puis écrivain... malgré lui. Ce récit commence comme un polar ancré dans le sud-ouest, mêlant souvenirs érotiques et intrigue complexe. Mais il se transforme peu à peu en réflexion sur la littérature et l’inspiration, le livre devient « le parcours d’un possédé » qui finit par se rendre à la raison. Au creux des pages, des figures et des courbes de femmes apparaissent, en rêve ou en réalité. Et Nuria, la femme au double visage, mystérieuse et dominatrice, revêt son habit de muse moderne, libre et exigeante. Laissez-vous porter par le parfum d’aventure et de plaisir, une aventure de la chair et des mots.



Le point de vue de l'éditeur :Auteur à suivre. D'une écriture précise et fluide, élégante sans être savante, l'auteur entraîne le lecteur dans les méandres d'une intrigue complexe où la haute finance croise les arcanes du pouvoir. Le héros narrateur, un universitaire toulousain auteur de polars érotiques à ses heures, se retrouve ainsi comme en prise directe avec ces univers qu'il a déclinés au long de ses romans...

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lundi 23 juin 2008

Dr No vs. Europe

C’est un étrange « Dr No » qui s’acharne sur l’Europe. Après les Pays-Bas et la France en 2005, voici l’Irlande, pourtant fille choyée de l’Union, qui repousse d’un méprisant revers de main le traité de Lisbonne soumis à sa ratification par voie référendaire. C’est en vérité un étrange mal que celui qui s’abat sur une Union dont les peuples, à chaque fois qu’ils sont directement consultés, manifestent leur colère et leur désapprobation.

Ce « Dr No » n’agit pas à la légère. C’est comme si un charme s’était rompu entre l’utopie communautaire et les habitants, insulaires ou continentaux. Pourtant, depuis son lancement au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’Europe a connu la plus longue période de paix et de prospérité de son histoire. Jamais nos nations n’avaient entretenu entre elles d’aussi bonnes relations, jamais nos peuples n’avaient été à ce point à l’abri des risques de guerre, jamais nos économies n’avaient connu une telle croissance, jamais nos niveaux de vie n’avaient à ce point augmenté.

Mais nous n’en avons jamais assez. Pendant un presque demi-siècle, l’Europe fut partagée en deux parties. L’une, libre et heureuse, sous le parapluie américain. L’autre, asservie et étouffée sous le joug soviétique. Alors, c’était il y a vingt ans (une éternité), notre modèle politique et économique l’a emporté. L’URSS s’est effondrée, le mur de Berlin a été renversé et l’Europe unifiée. Et c’est un peu comme si le malade s’apprêtait à mourir guéri.

Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Certes, le modèle technocratique et lointain de la Communauté Economique Européenne, puis de l’Union européenne, n’a rien fait pour rapprocher cette ambitieuse construction des peuples qui la composaient. Pis encore, les gouvernements des Etats membres, quelle que soit leur couleur politique, ont toujours eu le réflexe veule d’agonir Bruxelles quand ça n’allait pas et de se tenir cois pour s’attribuer des mérites qui n’étaient pas parfois les leurs quand ça allait mieux. Résultat ? A force de faire de l’Europe un bouc émissaire commode, les électeurs prennent leurs élites à leur propre piège. Ajoutons à cela que les multiples élargissements, généralement menés au grand dam des opinions publiques, ont amené l’UE à être maintenant composée de 27 Etats dont plus personne ne connaît la liste par cœur, dont l’obésité la pousse à l’infirmité. Bref, l’Union européenne est en train de mourir d’apoplexie.

Que faut-il faire ? Le traité de Lisbonne est-il mort du refus irlandais ? La présidence française de l’Union qui débute le 1er juillet a-t-elle encore un sens ? Les Irlandais peuvent-ils décemment être rappelés aux urnes ? Faut-il faire de l’Union européenne une sorte d’ONU régionale quitte à recréer un noyau composé de nations volontaires pour reconstruire une communauté soutenue par les peuples qui la composent ? Autant d’incertitudes dont nous nous serions bien passés au cœur d’une crise financière mondiale doublée d’un choc pétrolier en face desquels l’euro reste, qu’on le veuille ou pas, une protection dont l’efficacité pourrait être mise à mal par la perte de l’espoir de voir un jour la monnaie européenne enfin adossée à un véritable pouvoir politique.

samedi 14 juin 2008

Le droit de grève n'est pas le droit de blocage

Le ministre de l'Education Nationale, Xavier Darcos, a présenté en Conseil des Ministres, cette semaine, le projet de loi instituant un service minimum d'accueil dans les écoles maternelles ou élémentaires en cas de grève, système controversé à la charge des communes mais financé par l'Etat.



Nicolas Sarkozy avait annoncé le 15 mai, journée de mobilisation dans l'Education nationale contre la suppression de 11.200 postes à la rentrée prochaine, le dépôt cet été au Parlement d'un texte sur le service minimum. Aux termes de ce projet de loi, les enseignants grévistes seront tenus de se déclarer au plus tard 48 heures avant l'arrêt de travail. Le texte prévoit également une procédure de prévention des conflits pour permettre d'éviter le recours à la grève par une négociation entre les différentes parties.

Le service minimum assumé par les communes contribue incontestablement à apporter une réponse satisfaisante aux familles qui se trouvent confrontées à des difficultés majeures lorsque leurs enfants ne peuvent être accueillis à l’école. Sauf à considérer qu’il participe de la justice sociale que des parents défalquent de leurs congés payés les jours de grève des enseignants de leurs enfants, ce dispositif répond à une attente. En revanche, les collectivités territoriales sont fondées à se poser des questions. En effet, le système de financement par l’Etat est partiel et ne couvre pas complètement les frais engagés pour assurer la permanence de l’accueil des élèves. En outre, il se pose un problème de responsabilité à départager entre l’Etat et les communes. Pendant les heures de classe, les enfants sont sous la responsabilité de l’Education Nationale. Que se passe-t-il un jour de grève quand, à l’heure normale des cours, un élève est placé sous la surveillance d’un agent municipal ? Jusqu’à quelle mesure la commune doit-elle se substituer à l’Etat défaillant ?



Pour finir, l’argument opposé par les syndicats, et selon lequel ce dispositif est une entrave au droit de grève, n’est pas recevable. En effet, si le droit de grève doit être respecté en tant que tel, c’est à dire en tant que droit pour une personne employée de cesser le travail pour manifester un désaccord, il ne saurait être étendu à la notion de blocage de services publics ou d’institution. Il n’existe pas de droit de blocage contre lequel rien ne puisse être entrepris. Celui-ci constitue une extension, pour ne pas dire une dérive, du droit de grève dont la légitimité ne saurait être remise en cause.