mardi 14 août 2007

Obsèques du Cardinal Lustiger

Vendredi dernier, j'ai été troublé devant les images de la retransmission télévisée des obsèques du cardinal Lustiger, à Paris. Troublé mais non choqué, à vrai dire. Voilà ce que cette cérémonie m'inspire.

J'avais été ému par le décès du prélat, auquel l'opinion attentive était préparée depuis ses adieux dignes et courageux, le 31 mai dernier, sous la coupole du quai Conti, lors de la séance qui avait vu l'élection de Max Gallo à l'Académie française.

Je savais, comme tout le monde, l'origine juive d'Aaron Lustiger, converti au catholicisme à l'adolescence. Je connaissais ce que la presse avait publié de ses dernières volontés relatives à l'organisation de ses funérailles.

Inutile de dire que je suis pas antisémite. Au surplus, je ne crains pas de penser, d'écrire et de dire à qui veut l'entendre qu'aucun chrétien ne saurait être antisémite tant les Ecritures que nous avons en partage nous obligent, tant les siècles d'antagonisme et d'incompréhension nous accablent.

Mais le judaïsme est une religion distincte du christianisme, fors le tronc commun de l'Ancien Testament. Pour les chrétiens, les Saintes Ecritures comptent aussi, et surtout, le Nouveau Testament, avec les Evangiles annonçant la bonne nouvelle de la vie, de la mort et de la résurrection du Christ.

Alors, au début, à la vue de ces images sur l'écran, je fus touché par l'idée même de la récitation du kaddish, du prononcé de cette prière traditionnelle juive, en ouverture des obsèques du cardinal.

Puis le trouble me gagna devant un rite appartenant à une autre foi, sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Ce n'était pas tant cette manifestation d'oecuménisme qui me gênait que l'idée que cela fût commenté en précisant que l'ancien titulaire du siège archiépiscopal de la la capitale française, proche du défunt Pape Jean-Paul II, aurait témoigné, à la fin de ses jours, n'avoir jamais cessé d'être juif.

Cette admirable fidélité à la foi de sa mère morte à Auschwitz, victime de l'ignominie dont parfois les hommes savent se rendre coupables et dont ils sont impardonnables, ne peut ignorer les obligations du converti à la foi catholique, devenu prince de l'Eglise et membre du collège des chefs temporels comme spirituels de la chrétienté de rite catholique, placés par les Souverains Pontifes sur les marches de leur Trône de Rome.

Que doivent penser les fidèles, les croyants en butte au relativisme ambiant d'une société qui travesti et confond tout ?

Alors oui, mon trouble est grand.

Hier, dans "Le Monde", le philosophe et universitaire Jean-Luc Marion témoigne de "l'intelligence de la foi" du cardinal Lustiger : "Il vivait d'abord dans un face à face permanent, antérieur et irréfragable avec Dieu, avec une évidence absolue de sa présence."

Marion ouvre sa tribune au journal du soir par ceci : "Si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas." (Isaïe, 7,9)

Alors, comme je croie, j'essaie de comprendre.

Aucun commentaire: