vendredi 3 août 2007

Chardonne, Beckett et Woody Allen...

Amis, je vous ai déjà entretenus de Jacques Chardonne. Que dire de plus de celui qui fut, avant d’être ce grand écrivain reconnu, directeur littéraire des éditions Stock ? Citons « Claire », « Le bonheur de Barbezieux », « Les destinées sentimentales »…

J’aime la langue précise sans être précieuse du romancier charentais. Alors, pour cette pause estivale, je vous invite dans ma bibliothèque personnelle. Vous y trouverez avec moi une pépite que je vous confie, l’espace d’un instant. Calez-vous bien dans un fauteuil. Si cela vous tente, goûtez un whisky (islay bien tourbé ?) et allumez un cigare (quelle incitation à la débauche !).




Voici entre vos mains une édition originale de 1956 des « Matinales », chez Albin-Michel. L’avertissement est de l’auteur : « Tout le plaisir des jours est en leurs matinées, dit Malherbe. Voici des pages écrites dans les matinées de 1955 (six pages exceptées) ; elles n’ont d’autre lien que celui des jours à leur meilleur moment. Si l’on a du goût pour les contes et les romans, on en trouvera ici de la graine ; d’autres choses encore, et même un peu de fantaisie dans le mélange. » A savourer dans le silence des grandes siestes de l’été.

Autre genre mais joie intense de l’esprit préservé, cette saison, des trop fortes chaleurs, les cours inédits de littérature de Samuel Beckett, publiés chez Grasset cette année par Brigitte Le Juez, «Beckett avant la lettre». Avant d’être l’écrivain que l’on sait qu’il fut, Beckett enseigna au début des années 30 la littérature française au Trinity College de Dublin. Rachel Burrows, une de ses étudiantes, a conservé précieusement les notes qu’elle prit alors. Le jeune enseignant avait pour mission d’introduire son auditoire à la littérature moderne par deux sésames, Gide pour le roman et Racine pour le théâtre. Dans ses explications, il oppose le premier à Balzac et le second à Corneille. Le compte-rendu de ces cours n’est pas le verbatim fidèle mais permet de découvrir une pensée bientôt au service d’une œuvre. Ce cahier de notes dormait depuis des décennies dans les archives de la bibliothèque du Trinity College. Grâces soient rendues à Mme Le Juez, qui enseigne aujourd’hui la littérature française à la même université irlandaise, de l’avoir sorti de là.




Pour finir, et vive l’éclectisme !, offrez-vous le dernier Woody Allen. Non pas le film mais le livre. En effet, le plus français des cinéastes américains a publié avant l’été un recueil de nouvelles intitulé « L’erreur est humaine » (Flammarion). Il ne serait pas humain de s’en priver. Vous y découvrirez, dans la veine de l’auteur, de courtes histoires, des fables morales toutes plus déjantées, bizarres et drôles les unes que les autres. Il faut aimer l’humour au second degré et le sens de l’absurde d’Allen pour savourer « L’erreur est humaine ». Je n’ai, pour ma part, pas boudé mon plaisir. Citons de lui seulement une réplique du personnage qu’il incarne dans « Scoop », son film le plus récent : « Je suis né de confession hébraïque et je me suis aussitôt converti au narcissisme. » Sans renoncer au plaisir de celle-ci, râbachée mais tellement drôle : « Dieu est mort, Marx est mort, et moi-même, je ne me sens pas très bien… »

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