Tel est l’argument du roman de Jean d’Ormesson, « La création du monde », (Robert Laffont, 2006), publié en octobre dernier et dont je ne saurais trop recommander la lecture en cette fin d’été.

Il faut aimer le style et la personnalité d’Ormesson pour goûter pleinement ce livre qui n’est pas sans rappeler un précédent, « Le rapport Gabriel » (Gallimard, 2001), dans lequel Dieu, à la veille d’abandonner les hommes à leur triste sort, dépêche l’ange Gabriel sur Terre et le charge d’un rapport de la dernière chance à la lecture duquel il décidera s’il y a lieu de sauver sa Création. A qui s’adresse alors Gabriel pour réussir sa mission ? A Ormesson, bien sûr, sur les épaules de qui repose alors notre destin…
Avec « La création du monde », c’est un peu la même chose : une brillante digression, très enlevée, assez jubilatoire. Comme il aime à le faire, notre académicien badine avec des sujets philosophiques et spirituels très sérieux et austères. Ce livre est un aimable résumé de philosophie générale, une élégante conversation de salon à la manière du XVIIIème siècle. « La pensée aux mille ressources a inventé un instrument formidable de récupération et de conservation des paroles : l’écriture. Pensée au second degré, parole figée sur place, l’écriture est du langage conservé dans l’espace sous forme de signes au lieu de rester dispersé dans le temps sous forme de sons. » Comment dire ? Je crois qu’il dirait lui-même : épatant !
Pour les amateurs inconditionnels de Jean d’Ormesson, à ne pas manquer non plus, vient dernièrement de paraître un recueil de chroniques et billets d’humeurs, de 1969 à nos jours, sous le titre « Odeur du temps » (éditions Héloïse d’Ormesson). On y retrouve avec plaisir la plume vive et alerte de l’ancien directeur du Figaro, qui défend avec passion son amour de la littérature, de l’art, bref, de la vie. Ormesson est un témoin vif, précis et pétillant d’un monde qui, dans le fond, ne cesse de l’amuser.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire