jeudi 9 août 2007

"La fille coupée en deux"

« La fille coupée en deux », le dernier film de Claude Chabrol, dispose de tous les ingrédients pour être un très grand film.

Avec le fin scalpel d’un implacable médecin légiste, Chabrol autopsie les mœurs et les turpitudes de ses semblables.

« La fille coupée en deux » est une comédie de mœurs, une fable immorale servie par une distribution magnifique.

Une jeune animatrice de la télévision locale lyonnaise tombe follement amoureuse d’un célèbre écrivain beaucoup plus âgé qu’elle, égoïste et libertin. Quand tout est consommé, il l’abandonne et la belle éplorée, plutôt que de se laisser mourir, finit par accepter d’épouser l’héritier d’une dynastie industrielle, aussi timbré que riche.



Ludivine Sagnier est exceptionnelle. Elle manie avec un talent et un charme immenses toute la gamme des sentiments, tour à tour délicieusement allumeuse, séductrice, coquine, fragile, blessée, dépressive, humiliée, et j’en passe.

Benoît Magimel est, lui aussi, parfait dans le rôle du gosse de riche, arrogant et capricieux à souhait, totalement déséquilibré mais finalement lui aussi fragile.

François Berléand est un sale type très crédible, manipulateur et jouisseur.

Mathilda May fait un retour remarqué au premier plan.

Catherine Silhol est admirable dans son rôle de grande dame de la bourgeoisie lyonnaise, attachée à ses œuvres caritatives, à ses dîners en ville avec Monseigneur et à, surtout, veiller qu’aucun scandale ne vienne entacher son milieu social.

Mais, car il faut bien reconnaître qu’il y a un mais, la fin est décevante. Pour tout dire, le dénouement – un brin cucul la praline – n’est pas à la hauteur de l’amoralisme de cette histoire. On eût largement préféré une conclusion plus perverse que celle-ci qui est bien convenue.

Autre critique : je n'arrive toujours pas à apprécier la musique "grinçante" de Matthieu Chabrol qui, pour cause, figure, à chaque fois, sur la bande-originale des films de son père. Celle-ci ne fait pas exception à la règle.

Mais il faut quand même aller voir « La fille coupée en deux ».

2 commentaires:

Unknown a dit…

Je trouve la fin du film tout à fait logique et finalement très noire. La haute bourgeoisie a réussi à sauver les meubles, le personnage de Ludivine Sagnier est alors contraint à vivre dans un monde bercé d'un voile d'illusions, ce que le réalisateur met en images avec la dernière scène de magie...
Qu'avez-vous trouvé "cul-cul la praline" ?

François-Xavier Brunet a dit…

Ma "lecture" de la fin de ce film était moins idéologique et il m'a semblé que les auteurs auraient pu, avec profit, exploiter des ressorts (le procès du fils de famille, les raisons de la haine de Paul à l'égard de l'écrivain avant que Gabrielle ne se glisse entre eux, le drame de la mort du frère aîné,...) qui aient placé la belle-mère de l'héroïne dans une situation moins confortable. Cette façon dont tout rentre dans l'ordre est peut être, je vous l'accorde, le véritable scandale. La métaphore de l'illusioniste est un peu décalé par rapport au réalisme social de l'ensemble du film.
FXB