vendredi 25 avril 2008

Hypocrisie olympique

Chronique publiée dans La Montagne du 11 avril 2008

Faut-il donc être à ce point naïf pour avoir besoin des Jeux Olympiques pour découvrir que la Chine communiste est une dictature ? Il faut dire que bien des beaux esprits qui écument le pavé de Saint Germain des Prés ont souvent été d’honorables correspondants du maoïsme, des thuriféraires du Grand Timonier ! Les étranglements scandalisés et les manifestations sur le parcours de la flamme olympique me font doucement rire. En revanche, je suis un peu agacé qu’il faille se trouver à quatre mois de l’ouverture des Olympiades pour que les protestations se fassent entendre. C’est au moment où la candidature de Pékin a été retenue qu’il eût fallu émettre des réserves ! Mais bon, passons. Ne boudons pas notre plaisir : on ne dénonce jamais assez les régime totalitaires.

La brutalité avec laquelle le régime communiste chinois réprime les manifestations au Tibet met en lumière les méthodes qui sont celles d’un système politique qui foule tous les matins au pied les libertés publiques. Que la Chine soit devenue un pays riche (au moins en partie), qu’elle soit un partenaire économique et industriel incontournable n’enlève rien à ce qu’il y a de plus détestable dans l’ex-Empire du Milieu. Les policiers chinois en survêtement bleu et blanc, lunettes noires et oreillette, sont une illustration de la façon dont le comité olympique de ce pays considère l’héritage de Coubertin. Nous avons tous vu à la télévision les images du parcours chaotique de la flamme à Paris. Le comportement de ces hommes de main, leur brutale arrogance, l’attitude des officiels chinois témoignent éloquemment de l’entreprise de propagande politique que constituent les Jeux de Pékin.




Alors que faire ? Le boycott des épreuves sportives ? Assez ridicule quand on n’a rien dit lors de la désignation de la capitale chinoise. La bouderie lors de la cérémonie d’ouverture ? Un rien naïf et immensément hypocrite.

Il faut simplement tirer les conséquences de la situation : d’une part, les JO ne sont plus, et depuis belle lurette, le moment héroïque de la quête sportive pure et de la rude fraternité entre les peuples. L’ont-ils jamais été ? Ils en sont aujourd’hui à des années-lumières.

En revanche, entreprise de spectacle sportif à vocation planétaire, la quinzaine estivale est une formidable machine à fric pour les grands groupes qui en sont les sponsors et les intermédiaires qui revendent les droits de retransmission télévisée. C’est aussi une incroyable opportunité de propagande ou de promotion (selon le régime politique qui y prévaut) pour la nation hôte.

Alors que nos athlètes se bouchent les narines au moment de concourir, que nos dirigeants mettent un mouchoir sur leurs principes et que nos entreprises aillent conquérir des marchés et trouver des opportunités d’affaires. Puisque les dirigeants du monde sportif et les diplomates sont resté cois quand Pékin a été retenue comme ville olympique, le sort en étant jeté depuis longtemps, allons y faire du business. Notre économie en a grand besoin.

Trop cynique tout ceci ? Je ne sais pas mais puisque tous les principes invoqués ont été bafoués depuis des lustres, il est trop tard pour pleurer sur le lait renversé.
Pour ma part, je continuerai à ne pas regarder les Jeux Olympiques à la télévision.

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