vendredi 1 juin 2007

C'est maintenant "la France d'après" !

Dans les mois qui précédèrent l’annonce officielle de sa candidature à l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy plaça l’action militante de l’UMP qu’il présidait alors sous l’égide du slogan « Imaginons la France d’après ». Les commentateurs, aveuglés par les schémas anciens et l’intensité de la rage de Dominique de Villepin contre son Ministre d’Etat, conclurent immédiatement à la provocation à l’égard de Jacques Chirac. Il ne fallait pas y voir que cela. Durant ce printemps politique intense, Nicolas Sarkozy a lui-même défini son combat comme autant idéologique que politique. Il ne faudra donc pas s’étonner d’assister dans les prochains mois à de véritables bouleversements de la donne politique, à l’instar de ceux de 1958 et 1974. Il y a près de cinquante ans, le retour aux affaires du général de Gaulle s’accompagna de la refondation non seulement de nos institutions mais également de nos pratiques politiques. Il fallait solder les comptes de la décolonisation et de l’après-guerre. En 1974, la mort prématurée de Georges Pompidou accéléra l’après-gaullisme. Dans son livre publié il y a quelques mois, Jean Mauriac (« L’après de Gaulle, notes confidentielles », Fayard) rend bien compte de la mort politique progressive de ceux qu’on appelait alors les « barons » du gaullisme qui considéraient Pompidou et, pire encore, Chirac, comme traîtres et félons. A gauche, François Mitterrand avait, au congrès d’Epinay de 1971, unifié la gauche socialiste et codifié les conditions de l’accord politique avec le Parti communiste qui devrait mener celui-là à l’Elysée en tuant celui-ci. En 1981, la perpétuation de la rivalité entre Giscard d’Estaing et Chirac ne permit pas à la droite de se remettre en question tandis que le président socialiste, découvrant au même instant ou presque et le luxe du pouvoir suprême et son cancer, gela toute évolution politique dans son camp pour avoir la paix. Sa seule contribution à l’évolution du paysage politique fut d’avoir favorisé l’émergence du Front national. 1995 et 2002 furent des rendez-vous manqués. Pour terrasser son rival Balladur qui campait sur les positions conservatrices et libérales traditionnelles, Chirac fut élu sur des thèmes de gauche avant de mener une politique un peu gribouille qui, de rigueur annoncée en réforme ratée, aboutit à la désastreuse et ridicule dissolution de 1997, offrant aux socialistes un pouvoir auquel ils n’avaient pas franchement eu le temps de se préparer en faisant leur aggiornamento post-mitterrandien. L’élection présidentielle de 2002 fut celle de tous les malentendus (Chirac à 19 %, Jospin éliminé au 1er tour, Le Pen qualifié pour le 2ème) et n’incite guère le président réélu à mener une politique volontariste. Il fut d’ailleurs conforté dans ce prudent attentisme par la défaite de 2004 aux élections régionales, l’échec du référendum de 2005 et son propre accident de santé la même année. Pourtant, ce fut à ce moment-là que se décida le résultat de l’élection de 2007. Nicolas Sarkozy prit d’assaut la direction du parti présidentiel en faisant un véritable mouvement populaire de rassemblement des différentes traditions de droite. Dans le même temps, François Hollande gela toute évolution au Parti socialiste, incapable de tirer les conséquences de son fiasco de 2002, en espérant en tirer profit. Mais il fut débordé par sa propre compagne. En 2007, le Parti communiste est moribond, le Front national est laminé, le Parti socialiste divisé et condamné à mener, dans la douleur, une réforme profonde de son idéologie, de ses structures et de son leadership. Au-delà du résultat des prochaines élections législatives, l’avenir de notre pays se jouera sur la capacité des acteurs politiques, actuellement en situation de décider et d’agir, à négocier le virage qui s’annonce. Il dépend de Nicolas Sarkozy de concrétiser ses annonces et de pérenniser dans l’après-présidentielles la puissance et le dynamisme de l’UMP. Il sera important de mesurer qui du MoDem, du Nouveau Centre ou du Parti radical prochainement réunifié saura occuper le centre de l’échiquier politique. Il faudra voir comment le PS deviendra enfin un parti social-démocrate, et avec qui. Pour finir, qui osera prononcer définitivement l’oraison funèbre du communisme en France ?

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