mardi 19 juin 2007

Les législatives dans les Hautes-Pyrénées

Editorial publié dans "La Montagne" du 8 juin 2007 :

Dimanche, le premier tour des élections législatives sera l’occasion de vérifier si l’essai marqué par Nicolas Sarkozy au soir du 6 mai dernier sera transformé au Parlement. Tout porte à le croire. Si l’on en croit les sondages, nouvelle science des Aruspices du monde moderne nourri à la mamelle du multimédia, ce n’est pas à une vague bleue qu’il faut se préparer, c’est à un raz-de-marée. Acceptons-en l’augure. Il ne serait pas sain, pour notre démocratie, de contraindre à une cohabitation stérile le président nouvellement élu pour cinq ans. Pour autant, si majorité écrasante il y a, sera-ce illégitime, voire choquant comme veulent le donner à penser certains esprits de gauche ? Aucune Chambre des députés ne saurait voir sa composition frappée du sceau de l’illégitimité dès lors que ses membres y ont été envoyés au terme d’élections libres, transparentes et auxquelles ont pris part des électeurs eux aussi libres. Quelle est donc cette conception de la république qui voit quelques-uns uns de ses responsables condamner sur un plan moral le résultat des élections dès lors que celui-ci ne leur convient point ? Pour qui faut-il se prendre, et avec quel sérieux, pour prétendre dénoncer l’accaparement du pouvoir et estimer que seuls les opposants au président élu par le peuple sont en mesure de représenter la nation, appelée à entrer en résistance contre on ne sait quel occupant ou despote ? J’ai même entendu sur la chaîne de télévision France 5 le psychanalyste Gérard Miller en conclure, péremptoire et pédant comme il sait si bien l’être, qu’il ne pouvait y avoir qu’une seule explication à l’engouement du peuple pour son président : celui-ci avait forcément « hypnotisé » celui-là. On atteint là des sommets de bêtise crasse.

Dans les Hautes-Pyrénées, dont je tiens en général cette chronique fort éloignée, le moment est venu de profiter de l’élan créé par Nicolas Sarkozy pour donner un peu d’air à la représentation parlementaire du département. Les mêmes qui prétendent s’ériger en pare-feu contre les prétentions supposées extravagantes de la droite, ne voient par contre aucun inconvénient à ce que la gauche occupe ici les deux sièges de sénateurs, les trois de députés, l’écrasante majorité du Conseil général et du Conseil régional. Ils n’ont pas plus regimbé quand leur propre camp a conquis 21 régions françaises de métropole sur 22. Dans cette Bigorre, le moment est venu de se demander si, en introduisant un peu de pluralisme et de diversité dans la représentation parlementaire, il est possible d’élire un ou plusieurs députés qui puissent jouer un rôle effectif. Certes, une démocratie a besoin d’une opposition mais un territoire ne peut pas et ne doit pas s’enfermer dans une logique tribunitienne en ne confiant son destin qu’à des députés ou des sénateurs qui ne conçoivent leur mandat que dans l’imprécation et l’incantation. De plus, il serait bon de disposer d’un contre-pouvoir efficace au conservatisme radical-socialiste qui prévaut ici, fondé sur le clientélisme et le quadrillage du territoire par un réseau d’obligés.

Si, à l’Assemblée nationale, il est bon que la majorité ne soit point trop hégémonique, que ceux qui le clament conviennent qu’ici et maintenant il est temps d’entrer dans la modernité en élisant des députés capables d’être efficaces dans leur mission d’ambassadeurs auprès des pouvoirs publics. Au cours des cinq dernières années, pour ne parler que d’elles, les Hautes-Pyrénées n’ont eu que des représentants sans accréditation. Et si on votait utile dimanche ?


Editorial publié dans "La Montagne" du 15 juin 2007 :

Encore un petit effort. C’est lors du premier tour d’une élection nationale que se mesure l’exacte représentativité des différentes familles politiques, quand tous les partis présentent des candidats. Dans ce contexte, il n’est pas neutre de relever que les choses bougent dans le département des Hautes-Pyrénées. Depuis les élections présidentielles, les tendances électorales ont fortement évolué et la dynamique en faveur de la gauche semble cassée. Il est donc possible d’imaginer que sorte des urnes, dimanche, une représentation parlementaire moins monochrome que celle que le département connaît depuis 2002. C’est incontestablement dans la deuxième circonscription que l’UMP, avec Gérard Trémège, a le plus de chances de l’emporter mais des surprises sont possibles ailleurs tant les deux candidates, Monique Lamon et Christine Rabaud-Carrié, sont en mesure de faire vaciller les tenants du titre.

Que fait Bayrou ? La stratégie – personnelle – du président de l’UDF Modem suscite bien des interrogations chez celles et ceux qui se sont toujours sentis proche de cette famille de pensée. En 1997, après la désastreuse dissolution, les élections législatives (auxquelles j’étais moi-même candidat sous l’étiquette UDF, dans la continuité de Gérard Trémège, Pierre Bleuler et Rolland Castells), le parti fondé en 1978 par Valéry Giscard d’Estaing comptait, malgré la victoire de la gauche, plus de 110 députés. L’ambition démesurée de François Bayrou a conduit le Parti républicain en 1998, les radicaux en 2002 et, la même année, des personnalités centristes éminentes comme Philippe Douste-Blazy, Pierre Méhaignerie et Jacques Barrot à le quitter successivement. Au terme de sa première candidature à l’Elysée, il n’est plus resté que 27 députés UDF à l’Assemblée nationale. En 2007, François Bayrou pourrait bien être le seul député revêtu de cette étiquette et encore, par la grâce de l’UMP qui a, par charité chrétienne, retiré l’excellente candidature de Jean-Pierre Mariné en Béarn… Mais les choses sont heureusement plus simples. Aux législatives, les candidats de l’UDF ont retrouvé un score habituel au plan local et national : celui du centre-droit. Les réactions de Rolland Castells, de Catherine Corrège ou de Ginette Héry témoignent de la pérennité de l’héritage politique de Pierre Bleuler et de la solidité de l’Entente républicaine qui voit, au Conseil général, les élus UDF et UMP travailler en parfaite intelligence.

Dimanche, au soir du second tour des élections législatives, les Hautes-Pyrénées peuvent compter des députés vraiment représentatifs, c’est à dire ne représentant pas qu’un seul hémisphère du cerveau bigourdan. Ce fut déjà le cas, au cours des vingt dernières années, en 1986, en 1993 et en 1997. Alors, pourquoi pas en 2007 ?

1 commentaire:

frc.sp a dit…

Passons à autre chose... oui bien sur,mais ici dans les Hautes- Pyrénées, les électeurs de droite sont un peu frustrés de voir que leurs instances gouvernementales à contrario de nombreuses autres régions, restent fortement ancrées à gauche... Comme si rien n'avait été appris et comme si rien ne devait changer... Et redoutent donc que ces changements, que devra faire un Président déterminé à respecter ses engagements électoraux, ne se fassent dans la douleur et l'antagonisme d'une partie de la population contre l'autre, ne se fassent dans la rue, le blocage et le chantage...
Mais passons à autre chose : la littérature de votre éditorial du 22 Juin : juste une remarque : non la littérature ne trépassera pas sous internet car l'action est fondamentalement inverse : lire c'est se projeter dans l'univers des autres en s'oubliant soi-même (même si bien sur notre personnalité s'impégne de ce qu'elle découvre) alors qu'internet c'est souvent apporter les autres dans sa solitude pour la combler pour avoir l'impression d'une vie plus excitante que réelle.
Par contre quand Internet permet d'échanger - comme ici et maintenant - je trouve cela prodigieux !!!