vendredi 13 juin 2008

Obama vs. Mc Cain : vers une nouvelle ère pour l'Amérique

Tous les quatre ans, j’avoue suivre avec une passion à chaque fois renouvelée la campagne électorale en vue de l’élection du président des Etats-Unis. Pour tout un tas de raisons au premier rang desquelles figure naturellement la place éminente qu’occupe ce pays complexe et séduisant dans le concert des nations. Peut-être aussi à cause de ce mode de scrutin indirect qui voit s’enchaîner caucus et primaires dans tous les Etats, avant que les conventions des deux grands partis, républicain et démocrate, aient officiellement désigné leur champion. Puis, le premier mardi de novembre sont élus dans chaque Etat les « Grands Electeurs » qui se réunissent à la fin du mois de janvier suivant pour élire le Président et son Vice-Président, selon un rituel complexe hérité de la fondation des Etats-Unis. Pourtant, la désuétude apparente de ce système politique recèle une authentique modernité et ce sont souvent les innovations qui posent problème. Souvenons-nous à cet égard l’interminable vérification des votes électroniques en Floride lors de la première élection de George W. Bush, en 2000.

Cette année, les Etats-Unis d’Amérique pourraient entrer dans une nouvelle ère. Quarante ans après le meurtre de Martin L. King, les électeurs américains pourraient fort bien désigner comme nouveau « commander in chief » un Noir, issu de l’immigration à la deuxième génération. Sénateur de l’Illinois, Barack H. Obama a finalement obtenu le plus grand nombre de délégués à la convention du Parti Démocrate et devrait donc, de ce fait, être le candidat officiel de cette formation lors de l’élection de novembre. Il a largement terrassé Hillary R. Clinton au terme d’une campagne féroce au début de laquelle l’ancienne First Lady paraissait disposer de bien plus d’atouts. Mais ceux-ci se sont finalement retournés contre elle. Son expérience du pouvoir est apparue comme une tentative de restauration de la présidence de son mari qui fut président de 1992 à 2000, c’est à dire au temps jadis, celui d’avant le 11-Septembre, la guerre d’Irak et les subprimes. De plus, l’avantage financier de la sénatrice de New-York n’était fondé que sur les dons et les contributions de supporters très aisés ou de firmes habituées au lobbying. De son côté, Obama a su mobiliser d’innombrables soutiens de centaines de milliers de petites gens qui lui ont versé de modestes oboles mais dont le total a constitué un océan qui a submergé celle qui n’apparaissait plus que comme la candidate de l’ « establishment » de Washington.



En novembre, Barack Obama sera confronté au sénateur républicain de l’Arizona, John Mac Cain. Celui-ci s’est rapidement imposé lors des primaires organisées au sein de son parti. Authentique héros de la guerre du Vietnam, parlementaire chevronné et unanimement respecté, il part pourtant dans cette élection avec deux handicaps majeurs. D’une part, son âge. Septuagénaire, Mac Cain ne peut incarner autre chose qu’une présidence de transition. D’autre part, son étiquette politique. Républicain, il se présente au terme de huit années de mandat de George W. Bush dont il n’est rien de dire qu’elles ne laisseront à personne un grand souvenir. De son côté, Obama, quadragénaire charismatique et brillant, se voit souvent reprocher son inexpérience du pouvoir et des affaires internationales sans compter ses origines dont nul ne sait dans quel sens elles pencheront dans l’isoloir.

Le choix de l’Amérique conditionne le cours des choses : avec Obama, c’est la rupture et l’ouverture ; avec Mac Cain, c’est une forme de continuité débarrassée de l’opprobre qui pèse sur l’actuel président comme un insupportable fardeau. Comment et avec qui l’Amérique se tirera-t-elle du bourbier irakien dont elle paye avec le sang de ses « boys » l’insondable folie et dont le Moyen-Orient et l’ensemble du monde assument une part directe ou indirecte des conséquences ? Passionnant, vous dis-je.

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