jeudi 7 février 2008

Société Générale : "KOLOSSALE" affaire !

Publié dans La Montagne du 1er février 2008

La rocambolesque affaire de la Société Générale place les mécanismes de fonctionnement des marchés financiers sur la sellette. Elle le fait avec d’autant plus d’acuité que nul n’y comprend rien, ou presque. A commencer, semble-t-il, par les principaux dirigeants de la banque qui, à l’instar de leurs collègues des autres établissement, ont laissé la bride sur le cou à de jeunes types qui jonglent avec les milliards en usant de méthodes complexes que leur sabir ne saurait en aucun cas rendre plus explicite. Le problème qui se pose ici est celui de la complexification d’une économie non seulement mondialisée mais également « financiarisée » et technicisée.




Que peut-on y faire ? Pas grand chose ? C’est un peu court.

Il serait tentant, à l’aune des encours des portefeuilles de petits porteurs dont je suis, d’être saisi d’un immense sentiment de ras-le-bol et de prêter une oreille attentive à la diarrhée verbale altermondialiste. Pour autant sympathique qu’elle puisse paraître à certains moments – quand elle est sincère et non pas quand elle sert de prothèse au communisme orphelin de la chute du grand frère soviétique – cette bouillie ne rime à rien.

Si, selon La Bruyère, Racine a peint les hommes tel qu’ils étaient et Corneille tels qu’ils devraient être, il en va de même des théories économiques. Du reste, le Forum Economique Mondial de Davos a, cette année, été marqué par l’absence de contre-manifestation du type de celle de Porto-Alegre…



Mais faut-il se contenter de tout cela ? Certainement pas.




Cependant la réponse n’est ni dans le Tout-Etat ni dans le laisser-faire. Ce n’est pas à la puissance publique de se substituer aux actionnaires de la Société Générale ou d’entrer à son capital. Le gouvernement, qui comme ses prédécesseurs pendant plus d’un quart de siècle fait entériner au Parlement des déficits budgétaires abyssaux (plus de 38 milliards d’euros fin 2007, soit près de 8 fois la « performance » de Jérôme Kerviel), a l’air fin de vouloir jouer le grand air du patriotisme économique quand le Président court la planète pour placer là des centrales nucléaires d’Areva, ici des avions d’Airbus ou ailleurs des trains d’Alstom !

On ne peut pas rassurer les Français en leur expliquant aussi mal quel est ce monde dans lequel ils vivent.

En revanche, l’économie capitaliste mondiale ne peut fonctionner correctement sans règles ni instances régulatrices, sans contraintes ni sanctions. La loi fondamentale de l’offre et de la demande, qui régit les échanges, est en situation de dysfonctionnement quand la rationalité des agents économiques est en cause.

Dans cette « KOLOSSALE » affaire, ce qui est en cause relève du management d’un établissement bancaire qui contrôle mal le travail de ses collaborateurs et qui n’exerce aucun contrôle des flux financiers effectués à partir de l’argent que lui confient ses clients et ses déposants. Sans aucun doute, les mesures correctives vont être mises en œuvre de telle sorte que de tels incidents ne se reproduisent plus. En dépit du caractère massif des pertes essuyées, la Société Générale est loin d’être faillie et il y a fort à parier qu’elle rebondira même si ce n’est plus dans la même configuration que celle qu’elle a connue jusqu’à lors.

En me relisant, je suis en train de me dire qu’il est finalement difficile d’être clair et précis sur un tel sujet mais cette apparente confusion des sentiments témoigne de la perplexité de l’opinion publique…

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