vendredi 8 février 2008

Le Rapport public annuel de la Cour des Comptes : la gabegie de l'Etat

Le Rapport public annuel de la Cour des Comptes, vénérable institution au passé bicentenaire, a été remis ces jours-ci au président de la République par son Premier président, Philippe Séguin. Ce document dresse un bilan des différentes pratiques publiques en matière de gestion de nos deniers. Et il est souvent édifiant. Cette fois-ci, une de plus, les hauts magistrats financiers pointent du doigt un certain nombre d’aberrations et de cas d’espèces éloquents sur l’incurie publique. Cette lèpre qui ronge notre Nation sans que personne n’y trouve grand chose à redire frappe à tous les étages de l’édifice étatique.




La Cour des Comptes critique en particulier l’Etat actionnaire. Malgré les progrès liés à la création de l'Agence des participations de l'Etat, les experts de la rue Cambon remarquent que l'Etat en tant qu'actionnaire est parfois tenté de vendre pour réduire son déficit, au détriment de ses intérêts à long terme. Il se retrouve "de plus en plus souvent dans une position d'actionnaire minoritaire ce qui affaiblit ses positions", dénonce M. Séguin. C'est l'exemple "symptomatique" d'EADS: "détenteur de 15% du capital, l'Etat s'est montré incapable au premier semestre 2007 d'exercer un contrôle effectif des comptes et des perspectives stratégiques de la société".

La Cour des comptes chiffre par ailleurs à 20,7 milliards d'euros la "très lourde" facture des "défaisances", ces opérations destinées à sortir des actifs compromis des comptes de sociétés publiques ou privées, comme le Crédit Lyonnais, le Crédit foncier de France, le Comptoir des entrepreneurs et le GAN (Groupe des assurances nationales).

Les remarques du rapport concernent non seulement l’Etat actionnaire mais aussi le rôle et la stratégie du CNRS, les universités ou l’évolution des structures et services aux demandeurs d’emploi. Sont aussi abordés des thèmes tels que la réforme de la gestion des pensions des fonctionnaires de l’État, la redevance audiovisuelle ou encore les interventions en faveur de l’égalité hommes-femmes. La Cour revient également sur la gestion du patrimoine immobilier public, une véritable gabegie.

Certes, la rapport Attali déclenche les foudres de la plupart des intérêts corporatistes de ce pays. Mais après celui dressé par Michel Camdessus et dont Nicolas Sarkozy, alors éphémère locataire de Bercy, avait dit qu’il en faisait son livre de chevet, il est grand temps de s’atteler à la rationalisation des dépenses publiques, à la maîtrise puis à la réduction de celles de l’Etat, des régimes sociaux et des collectivités locales, à la réduction de la dette publique puis à celle des prélèvements obligatoires qui pèsent sur les ménages et les entreprises de notre pays. Ce n’est qu’ainsi que pourra être rendu aux Français une part de la richesse qu’ils produisent et aux entreprises la compétitivité qui leur manque face à la concurrence mondiale.

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