vendredi 19 octobre 2007

Régimes spéciaux : baroud d'honneur ?

Le mouvement de grève engagé par les différents syndicats des principales sociétés publiques, plus particulièrement dans les transports en commun de voyageurs par le rail ou des grandes agglomérations, sera-t-il le baroud d’honneur d’une caste statutaire qui, seule au monde, refuse de prendre sa part du changement ? L’histoire immédiate ne tardera pas à nous le dire. Pour autant, il y a fort peu à parier que le scénario de 1995 se renouvelle à l’identique.



En effet, depuis douze ans, bien de l’eau a coulé sous les ponts de France et de Navarre. Les Français ont depuis lors parfaitement compris que l’évolution économique et démographique impose de prendre des dispositions rigoureuses pour avoir une chance de préserver le système de retraites par répartition. L’adoption, sans trop de douleurs de la loi Fillon en 2003, a très largement contribué à cette prise de conscience. De plus, de rapports en déclarations publiques, nos concitoyens ont très nettement pris conscience que l’Etat-providence hérité des Trente Glorieuses vit très largement au-dessus de ses moyens. A cet égard, la récente embardée corse de François Fillon sur la « faillite » n’a choqué que ceux qui estiment avoir des comptes à rendre des gestions passées et qui aimeraient bien s’en exonérer.



Par ailleurs, la situation politique n’est pas comparable à celle qui présida à la reculade de 1995. D’abord, le soutien populaire n’est pas du côté des grévistes et cela n’est pas rien. S’il devait s’inscrire dans la durée, ce mouvement social se heurterait à l’hostilité des Français, et notamment de ceux qui sont pris en otage. Ensuite, Nicolas Sarkozy n’est pas Jacques Chirac. Non seulement en raison des tempéraments dissemblables des deux hommes, mais aussi parce que le premier a été élu en annonçant cette mesure et que le second avait été élu en prônant une politique radicalement différente de celle qu’il tenta de mener à partir de l’automne 1995. Enfin, l’actuel président ne donne pas dans les atermoiements comme son prédécesseur qui ne détestait rien autant que le risque d’être contesté dans la rue.

La France a trop longtemps souffert de l’incapacité de ses dirigeants à accepter le risque de l’impopularité au nom de l’intérêt général. Attendons Nicolas Sarkozy au pied du mur de ses engagements.

A noter cependant que le degré de blocage des transports publics cette fin de semaine permettra de mesurer l’ardente nécessité d’instaurer un véritable service minimum en cas de grève dans les services publics et combien les dispositions prises cet été sont insuffisantes.

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