mardi 13 mai 2008

Quels leviers pour la relance du pouvoir d'achat ?

Un an après l’élection de Nicolas Sarkozy, les Français semblent stupéfiés devant l’amertume de la potion que s’apprête à leur administrer le pouvoir. C’est véritablement de l’huile de foie de morue, et à forte dose, que nous allons devoir avaler. A qui s’en prendre ? A nous-même ! Ce serait plus honnête. Repartant du principal thème de la campagne présidentielle, ou de celui qui a été retenu comme tel, ce qui revient au même, constatons que la plus grande préoccupation des Français est leur pouvoir d’achat. Comment, alors, faire redémarrer la machine ? Les leviers de la relance du pouvoir d’achat ne sont pas pléthore.

La relance par les salaires ? Impasse. Le gouvernement n’a pas les moyens de décider autoritairement des augmentations de salaire dans les entreprises. Un Grenelle aboutissant, comme il y a quarante ans, à de fortes augmentations engendrerait nécessairement une aggravation de l’inflation. Ce qui serait à rebours de l’effet escompté.

La baisse des prélèvements ? Séduisant. Las, nous avons à éponger trois décennies d’incurie de la part de tous les gouvernements (gauche et droite confondues) ayant abouti à des budgets de l’Etat en déficit permanent et dont le cumul se caractérise par un endettement pléthorique. En outre, les transferts de compétences opérés vers les collectivités territoriales sans transferts de ressources durables ni même réduction de la voilure étatique conduit à un alourdissement de la fiscalité locale. En revanche, le gouvernement Fillon engage la seule politique possible : une révision générale des politiques publiques devant entraîner des réductions drastiques de dépenses publiques et d’effectifs de fonctionnaires.

La redistribution ? Les profonds déséquilibres constatés des différents comptes sociaux rendent illusoire l’espoir de recours aux bonnes vieilles recettes de l’Etat-providence. L’enfer étant pavé de bonnes intentions, et si de tels dispositifs d’accompagnement des accidents de la vie étaient justifiables, les abus et les largesses ont compromis durablement le système. L’allongement de la durée de cotisations pour les retraites ou l’instauration d’une franchise médicale préfigurent d’autres révisions déchirantes telles le recours aux mutuelles ou aux assurances pour le financement de la dépendance.

Le partage du travail ? Là, on touche au cœur des illusions coûteuses. L’instauration des 35 heures n’a pas conduit à la moindre réduction du chômage. Au contraire avec, en dommage collatéral, un gel global des salaires, une perte de compétitivité et des déficits publics encore plus accentués. Les préretraites ou l’avancement de l’âge légal de départ à 60 ans n’ont pas plus favorisé l’entrée des jeunes sur le marché du travail. Au contraire, non seulement nous avons l’un des plus faibles taux d’activité de seniors en Europe mais encore une des plus forts taux de chômage des jeunes.



Les prix ? Dans les années 60 et 70, la fixation administrative des prix n’a jamais empêché l’inflation. Au contraire même, elle l’a entretenue. Ce n’est donc pas de réglementation supplémentaire dont nous avons besoin mais de davantage de concurrence. C’est en partie le propos de la Loi de Modernisation de l’Economie présentée par Christine Lagarde. En outre, il n’y a aucun espoir de voir le prix de l’énergie redescendre aux niveaux dont nous avons la nostalgie. Il faut donc apprendre à changer nos habitudes de transport et, plus généralement, de consommation.

Tout ceci n’est guère réjouissant ? Probablement mais nous devons, avant de nous en prendre à ceux qui ont la déveine d’être aux affaires maintenant, prendre conscience de ceci : nous avons collectivement vécu très largement au-dessus de nos moyens sur le fondement d’une double illusion, celle des dépenses publiques à fonds perdus et de l’énergie accessible et bon marché. Il fallait bien payer un jour l’addition. De plus, non seulement, ce jour est arrivé mais, comble de malchance, il intervient dans un contexte économique mondial très défavorable.




Quelle que soit l’ampleur de la contestation sociale à venir, la politique engagée par le gouvernement est la seule possible.

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