vendredi 2 novembre 2007

Simone Veil : "une vie"

Jamais je ne vous ai ici entretenu d’un livre que je n’eusse point lu préalablement. Alors, comme la force d’une règle ne se juge que par sa capacité à être transgressée, je vais enfreindre cet interdit que ma conscience oppose généralement aux tentations de la paresse. Mais ici foin de facilité car, une fois l’ouvrage lu, je n’imagine pas renoncer à en faire la chronique dans ces colonnes tant sa parution me touche avant même de l’avoir découvert.

Aux marches de ses quatre-vingt ans, Simone Veil vient de publier chez Stock ses mémoires, intitulés « Une vie ».




Simone Veil est probablement la personnalité politique française la plus aimée et la plus respectée dans le pays. Elle le doit à une vie exemplaire faite de courage, de dignité et d’indéfectible élégance morale. Madame Veil est une grande dame et grâce doit être rendue à Valéry Giscard d’Estaing de lui avoir donné l’occasion de servir la France et d’avoir su si bien incarner une haute et exigeante conception de l’engagement public. Cet exemple est d’autant plus éloquent que la mode semble être désormais à la pensée confuse et au verbe approximatif, sésames maintenant suffisants pour accéder au ministère…




Au moment où La Montagne sera dans vos kiosques ou vos boîtes à lettres, « Une vie » de Simone Veil sera sur la table de votre libraire. Empressez-vous d’en faire l’emplette. Je n’en ai lu, comme vous peut-être, que quelques bonnes feuilles dans la presse magazine et j’ai écouté Madame Veil répondre à quelques interviews. La dernière, sur l’antenne d’Europe 1, au micro de Jean-Pierre Elkabbach, était émouvante. Dans les premières minutes de l’entretien, elle évoquait son arrestation, la déportation à Drancy puis Auschwitz-Birkenau, l’arrivée et la survie dans ce camp de la mort. Nous avons tous lu de tels témoignages (Primo Levi, « Si c’est un homme », Semprun « L’écriture ou la vie », me viennent à l’esprit). Aucun de ceux-là ne peut nous laisser indifférent. Ils nous rappellent combien la vie, qui est un don, peut parfois devenir tout simplement inhumaine par la rage destructrice qui anime certains. Nous sommes alors tous les débiteurs de ceux qui souffrent et endurent de telles choses. Y compris ceux d’entre nous qui ne sommes coupables de rien parce que nous sommes tous responsables de ce que devient le monde, à notre infime échelle de responsabilité individuelle.

Voilà aussi pourquoi j’ai envie de lire « Une vie » de Simone Veil et pourquoi je vous invite à le faire. J’y reviendrai dans quelques semaines.

J’évoquerai aussi le très beau livre de Philippe Claudel, « Le rapport de Brobeck » (Stock). On le cite souvent comme susceptible de recevoir un des prestigieux prix littéraires de l’automne. Ce serait mérité tant Philippe Claudel a signé un roman bouleversant, dérangeant et tellement bien écrit.

Interview de Simone Veil sur Europe 1

1 commentaire:

marina a dit…

merci d'avoir signalè cet livre, je l'achetterais à la librairie francaise de rome
ciaomarina