vendredi 9 novembre 2007

François Fillon sur Europe 1

A un journaliste qui, dans les coulisses d’Europe 1 , interrogeait François Fillon pour savoir s’il ne lui arrivait pas quelques fois d’avoir lui-même envie d’aller partout où va le président de la République, le Premier ministre répond, dans un sourire : « La réponse est double. Une fois sur deux, j’ai envie d’y aller moi-même et c’est trop tard ! Ce qui était le cas des pêcheurs. Et puis souvent le problème c’est que lui ne veut pas. »



Il faut tirer deux enseignements de cette réponse matutinale du chef du gouvernement. Le premier tient à la disparition de plus en plus flagrante de tout espace de confidentialité dans le monde médiatique. Le Premier ministre vient un matin répondre aux questions du journaliste vedette d’une radio périphérique et, l’après-midi même, sur le site Internet de cette station, une vidéo dévoile ses confidences « off ». Le second ressortit à la difficulté énorme que doit représenter le fait d’être le Premier ministre de Nicolas Sarkozy. Seul François Fillon pouvait l’être. D’une part parce que, durant la campagne et dans son propre livre, il a théorisé l’effacement de la fonction. D’autre part parce qu’il a cette forme de détachement et de fausse désinvolture, dans une apparente modestie distanciée, très smart dans le style et qui est le plus souvent la marque des véritables intelligences.




L’attelage de l’exécutif français pourrait être balzacien. Il ressemble en fait à un sommet américano-britannique. Nicolas Sarkozy arbore l’allant et la voracité de parvenu d’un businessman américain tandis que François Fillon campe le personnage d’un gentleman britannique. C’est Berkeley contre Eton.

Et les Français, qui se disent anti-américains alors qu’ils consomment de plus en plus de films et de séries télévisées made in USA, et dont ils rêvent d’adopter le mode de vie, a-do-rent littéralement leur « french yankee » !


Sa dernière sortie au Tchad en fait le « Jack Bauer » de la diplomatie alors que François Fillon semble aller prendre le thé chez Miss Marple !

Le dernier sondage est éloquent. Alors que Fillon dévisse, Sarkozy serait élu avec 55 % des voix si les élections présidentielles avaient lieu aujourd’hui. Il améliore son score au premier comme au second tour, selon le sondage publié le week-end dernier par le Journal du Dimanche, six mois après l’élection présidentielle.

Mais il reste le plus dur à accomplir : il ne s’agit pas de sauver en 24 heures le monde d’une attaque terroriste comme le fait généralement Jack Bauer. Nous sommes dans la « vraie vie » : il faut redresser la France. Nicolas Sarkozy dispose de deux atouts formidables : il a l’énergie nécessaire pour tenter de tout régler en une seule journée et, en fait, il lui reste quatre ans et demi pour y parvenir.

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